A l’occasion de la visite officielle à New York de Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie, le Groupe des Ambassadeurs francophones a tenu une réunion spéciale le 8 mars 2024 au siège des Nations Unies.
Sous la présidence de l’Ambassadeur Zénon Mukongo Ngay, Représentant permanent de la RDC auprès des Nations Unies et Président du Groupe francophone, la rencontre a porté sur la contribution de la Francophonie à la revitalisation du multilatéralisme, le multilinguisme à l’ONU, ainsi que les préparatifs du Sommet de l’Avenir et du 19ème Sommet de la Francophonie.
Rappelant que la Francophonie et le Groupe francophone constitué aux Nations Unies sont deux leviers essentiels pour la promotion et la protection du multilatéralisme et du multilinguisme, le Président du Groupe s’est réjoui de cet échange inédit, marqué par la présence de plus de quarante délégations. Dans le contexte d’une action multilatérale à l’épreuve, la voix du Groupe des Ambassadeurs francophones, compte tenu de la spécificité de sa composition, de sa vision et de sa démarche, est toujours plus nécessaire afin de défendre et de traduire en engagements concrets, dans la multiplicité des sujets à l’ordre du jour des Nations Unies, les valeurs de diversité, d’équité et de solidarité.
Pour la Secrétaire générale de la Francophonie, cette rencontre avec le Groupe francophone est essentielle et offre l’opportunité de sensibiliser les délégations francophones siégeant à New York sur la transformation engagée au sein de l’OIF, son attractivité grandissante et son impact sur le terrain, comme dans le cadre de son partenariat avec l’ONU. La Secrétaire générale a rappelé que les valeurs d’humanité et de solidarité, à la base de l’action de la Francophonie, se conjuguent sur plusieurs fronts, et qu’au-delà du mandat politique, l’OIF se focalise sur quelques domaines avec comme cibles prioritaires la jeunesse et les femmes. La Francophonie est en effet attendue sur des sujets mondiaux, en particulier le changement climatique, l’aggravation des inégalités économiques et des fractures numériques, aussi bien que les crises politiques et sécuritaires.
Dans le contexte de ces défis, la nouvelle programmation de l’OIF place la langue française au cœur des réalisations, comme un levier et une voie pour agir et pour approfondir les plaidoyers qui en découlent. Pour la Secrétaire générale, les Nations Unies doivent incarner la diversité, des cultures et des langues. Une vigilance permanente mérite d’être à l’œuvre, notamment lors des phases de planification et de discussion budgétaire au soutien du multilinguisme, qui loin d’être un enjeu technique constitue un investissement dans la démocratie des relations internationales.
Le Sommet de l’Avenir qui se tiendra les 22 et 23 septembre 2024 constitue à cet égard également une fenêtre d’opportunités. L’OIF compte sur la mobilisation des Ambassadeurs francophones, en s’appuyant sur l’espace de coordination qu’offre l’OIF à New York, afin que ce nouveau chapitre s’écrive aussi en français, à l’instar des négociations du Pacte numérique mondial, un texte crucial pour le monde francophone, aussi bien que des travaux en cours sur l’intelligence artificielle. La réforme du financement du développement constitue un autre domaine de mobilisation de la Francophonie, en soutien des efforts en cours pour ajuster les critères du financement du développement et la prise en compte des vulnérabilités multidimensionnelles. L’attention portée aux négociations climatiques est prioritaire elle aussi, l’OIF étant engagée dans la formation des négociatrices et négociateurs et œuvrant pour la levée de barrières linguistiques dans l’accès à la finance climat. Sur la prévention des crises et le maintien de la paix, l’espace francophone est particulièrement concerné par la multiplicité des défis politiques et sécuritaires et la Secrétaire générale a engagé à cet égard, aux niveaux des instances francophones, une réflexion sur les causes de ces crises et sur une nouvelle approche de la Francophonie. Dans le domaine du maintien de la paix, autre sujet de mobilisation francophone à New York, la Secrétaire générale a encouragé le Groupe à persévérer dans le plaidoyer en faveur de la prise en compte des enjeux linguistiques et de l’interculturalité dans le maintien de la paix.
La Secrétaire générale a enfin mis l’accent sur les préparatifs du 19ème Sommet de la Francophonie qui se tiendra en France les 4 et 5 octobre 2024, sur le thème « créer, innover et entreprendre en français ».
Lors des discussions avec les délégations francophones, celles-ci ont salué la réforme engagée par la Secrétaire générale et ont rebondi sur les sujets au cœur de ce dialogue, en particulier, la situation du multilinguisme à l’ONU, qui a besoin de force et d’imagination dans le contexte de la nouvelle crise financière que travers l’ONU, les droits des femmes à la veille de la 68ème session de la Commission de la condition de la femme, la discussion internationale sur le numérique ainsi que les consultations en cours sur le projet de code de conduite de l’ONU pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques, la centralité des préparatifs du Sommet de l’Avenir qui doit constituer un creuset d’idées innovantes pour le développement durable et l’importance de ce fait d’une mobilisation de la Francophonie lors de ces préparatifs afin que les priorités francophones soient prises en compte. Dans un contexte international en plein effervescence, le risque demeure que les propositions francophones parviennent avec un temps de retard, en raison de la barrière linguistique. Le multilinguisme demeure dans ce sens un pilier pour la discussion internationale.
En conclusion, la Secrétaire générale a exhorté les Ambassadeurs à faire preuve d’une vigilance constante pour un multilinguisme effectif à l’ONU, et souligné l’importance de rester déterminés et de se concerter pour une action porteuse de résultats. L’OIF, pour sa part, poursuivra son combat pour un multilatéralisme reflétant pleinement la pluralité des expériences et des cultures.
(Photos : Joel Sheakoski)