A l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie 2023, zoom sur la notion de découvrabilité, désormais indissociable de la création culturelle à l’ère du numérique.

Vecteur de paix et de transformation des sociétés à travers le dialogue des imaginaires, la culture est aussi source de croissance économique et d’emplois pour des millions de créateurs de par le monde.

Avec l'arrivée des technologies numériques, le secteur a subi de profondes mutations : si les processus de création ont été facilités, la distribution des contenus en ligne s'avère inégale, notamment en fonction de la langue utilisée ou du pays d’origine des œuvres : à titre d’exemple, bien que le français soit la 4e langue de l’Internet, seul 2,7% du contenu des 10 millions de sites web les plus visités au monde est disponible dans cette langue.

Les GAFAM, grâce aux avancées technologiques – et à leurs fameux algorithmes –, influencent l’accès, la découverte et les choix de consommation et contrôlent de fait l’offre culturelle dans l’espace numérique.

D’important défis doivent donc être relevés pour assurer un accès équitable aux contenus culturels francophones sur Internet, en premier lieu celui de leur découvrabilité.

« La découvra... quoi ? »

La découvrabilité, concept développé depuis 2016 à partir du Canada-Québec, traduit le processus de rencontre entre un contenu et son public dans l’espace numérique.

Il recouvre la « repérablité » du contenu par les moteurs de recherches, sa disponibilité (c’est-à-dire la capacité à diffuser le contenu et à la mettre à disposition du public) et la recommandation, définie comme la mise en valeur du contenu par sa promotion et sa visibilité en ligne.

Le processus de découvrabilité englobe également un défi multidimensionnel qui mêle modernisation des infrastructures pour améliorer la connectivité, adoption de politiques publiques tournées vers le digital, appui aux États et gouvernements à travers la coopération internationale, soutien à l’adaptation des acteurs de l’écosystème culturel, etc.

C’est donc un levier essentiel pour accompagner la migration vers le numérique de la création, de la production, de la diffusion et de la consommation des contenus culturels.

La Francophonie s’engage

La découvrabilité des contenus culturels francophones se situe à la croisée des priorités de la Francophonie que sont la langue française, la diversité culturelle et linguistique et le numérique, mais aussi la jeunesse, première consommatrice du contenus culturels en ligne.

La promotion de la diversité culturelle et linguistique figurait dans l’ADN de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dès son origine. 50 ans plus tard, elle se mobilise pour adapter ses programmes et son plaidoyer aux transformations liées au numérique, afin de favoriser l’avènement d’un environnement culturel numérique plus juste, plus responsable et plus inclusif.

Dans ce but, la Francophonie s’est dotée de textes normatifs qui intègrent la composante « découvrabilité » à son agenda. On retrouve cette dimension dans le Cadre stratégique de la

Francophonie (2023-2030) adopté au Sommet de Djerba, en novembre dernier, qui se donne pour ambition d’« améliorer la découvrabilité des contenus numériques en langue française » ; même chose avec la Stratégie de la Francophonie numérique (2022-2026), qui vise notamment à assurer une meilleure promotion et protection de la diversité des expressions francophones dans l’espace numérique ; enfin, La Déclaration sur la langue française dans la diversité linguistique de la Francophonie, également adoptée à Djerba, fixe des engagements forts de la part des chefs d’Etat et de gouvernement : « nous prendrons également des mesures nationales et participerons à la coopération internationale en faveur d’une meilleure découvrabilité des contenus, notamment culturels, juridiques, éducatifs et scientifiques en ligne en langue française et dans les langues nationales ».

Sur le plan opérationnel, la direction « Langue française et diversité des cultures francophones » de l’OIF développe dans ses pays membres un projet autour de la découvrabilité des contenus culturels en ligne, qui vise les acteurs des secteurs culturels traditionnellement soutenus par la Francophonie : cinéma et audio-visuel, musique, édition, spectacle vivant.

Des ateliers ont déjà été organisés avec les artistes francophones présents au Marché des arts du spectacle d’Abidjan (MASA) en 2022 et ceux réunis en janvier 2023, toujours en Côte d’Ivoire, autour des travaux de promotion du décret sur le statut de l’artiste ; et encore récemment avec les producteurs-réalisateurs de cinéma francophones réunis au Fespaco, au Burkina Faso, en février dernier.

L’objectif est de préciser quels sont les acteurs à soutenir en priorité ; de proposer des outils et des solutions adaptés aux besoins et aux contextes de la Francophonie ; de décliner des actions de formations, de plaidoyer et de sensibilisation adaptées aux contextes et aux publics visés ; et de développer une réflexion prospective de qualité afin d’anticiper sur les mécanismes et les stratégies à mettre en œuvre en vue de garantir une présence et une visibilité plus équitable des contenus culturels francophones en ligne.

La thématique de la Journée internationale de la Francophonie 2023, le 20 mars, – « 321 millions de francophones, des milliards de contenus culturels » – a été choisie en ce sens : à l’heure du numérique, plus que jamais les Francophones doivent se mobiliser pour faire vivre la diversité de leurs cultures.

 

=== Pour une initiative francophone en faveur de la découvrabilité ==Voir l'infographie==https://www.francophonie.org/sites/default/files/2021-09/oif_infographie_de%CC%81couvrabilite%CC%81.pdf===

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