Elle nous en parle : "Edition limitée"

Programme de l'OIF de soutien aux stylistes francophones.

La Camerounaise Augustine Mabiama, alias Nakuin, ccréatrice de mode, entrepreneure et lauréate 2015 du programme de l’OIF "Édition Limitée".

Quelle a été votre expérience lors du Programme "Edition limitée" ?
Ça a été une expérience très enrichissante à la fois professionnellement et humainement. Professionnellement, car le fait d’échanger, de discuter et partager des techniques avec 6 autres designers d’origines différentes (et donc de vécu et d’expériences diverses) m’a énormément enrichi. Humainement, car j’ai parfois dû gérer les susceptibilités des uns et des autres et prendre sur moi pour faire avancer les choses.

Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de cette expérience ?
Mes meilleurs souvenirs sont ces nuits blanches passées avec certains de mes collègues (Lahad, Moussa, Martha) à travailler dans les locaux de Thiane Diagne. On s’encouragerait mutuellement dans une ambiance bon enfant, ponctuée de rires, tout en buvant du chai.

Qu’est-ce-qui vous inspire ? Quel est votre processus créatif ?
Je m’inspire de la rue, de mes voyages, des tendances populaires et des films. Je commence d’abord par faire l’esquisse de mes modèles sur papier, puis je réalise le prototype sur toile et enfin, après avoir fait les modifications nécessaires, je réalise la tenue sur tissu.

Devenir lauréate d’Edition limitée a-t-il changé votre quotidien ? Si oui, comment ?
Ça a radicalement changé mon quotidien. J’ai appris à gérer mon personnel de manière plus efficace - pour que chacun réalise son potentiel -, à intégrer des standards de qualité et à déléguer les responsabilités.

Quels mots d’encouragement donneriez-vous à de futurs participants ?
Je leur dirais de se donner à fond ! La formation n’est pas de tout repos, donc s’ils pensent se la couler douce et avoir des vacances, je ne leur conseille pas de poser leurs candidatures ! Les candidats doivent être prêts à se surpasser et donner le meilleur d’eux-mêmes, car c’est une opportunité unique où les créateurs ont tout à gagner, tout à apprendre, et en sortent grandis, enrichis d’un savoir-faire incomparable.

Avez-vous toujours été intéressée par la mode ? Quel a été votre parcours professionnel ?
Je n’ai pas toujours été intéressée par la mode. Au départ, c’était mon père qui était enthousiaste. La mode je l’ai côtoyée, j’ai appris à la connaître et j’en suis tombée amoureuse. J’ai commencé ma carrière en 2008, avec une petite machine familiale dans une pièce de deux mètres sur trois, puis intégré l’association des jeunes créateurs "Abbia Fashion" et de fil en aiguille ma carrière a décollé. La première commande que j’ai rçue m’a permis de passer d’une machine familiale à deux machines industrielles et, au fil de la demande, j’ai agrandi mon entreprise et acheté 5 autres machines. En 2010 suite à un appel d’offres en ligne, j’ai effectué mon premier séjour à l’étranger, au Congo, et la même année, j’ai reçu la distinction de styliste de l’Année par le ministère de la Culture. Enfin, en 2015, je participais à Edition limitée et j’en sortais lauréate.

Avez-vous rencontré des difficultés en cours de chemin, surtout en tant que femme ?
J’en ai rencontrées pas mal et cela tout au long de ma carrière ! D’abord, des difficultés financières car en Afrique les banques n’accordent pas de prêt au secteur de la mode, qu’ils considèrent peu fiable. De même le gouvernement ne soutient pas les jeunes créateurs. Ensuite, sur le plan personnel car c’est une carrière qui apporte beaucoup, mais qui demande beaucoup de sacrifices. Il faut parfois s’absenter de la maison, ce qui est d’autant plus difficile lorsque l’on est épouse et maman. Sans compter les propositions indécentes…

Quels conseils donneriez-vous à une jeune créatrice ?
Je leur dirais que la mode est loin d’être le monde futile, festif, de strass et de paillettes que l’on peut imaginer. Il faut être travailleur, déterminé, audacieux et avoir une vision claire de ses objectifs pour réussir. Le styliste n’est pas qu’un simple artiste, c’est un entrepreneur dans tous les sens du terme.

Où pouvons-nous admirer vos créations ?
Vous pouvez retrouver ma ligne de vêtements au Cameroun dans notre boutique à Bonapriso, sur Facebook et Twitter.

 

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