En dépit des bouleversements qui ont marqué 2025 à l’échelle du monde, la Francophonie a gardé le cap de son action en faveur de ses Etats membres. Retour sur les résultats obtenus et les perspectives pour 2026.
Les crises politiques se sont multipliées cette année dans l’espace francophone : coups d’Etat, affrontements armés, tensions commerciales... ; jusqu’au retrait, pour la première fois, de trois pays membres de la Francophonie : le Burkina Faso, le Mali et le Niger. L’OIF a malgré tout poursuivi, résolument, la mise en œuvre de sa programmation, articulée autour de trois grands axes : la langue française au service de l’éducation et de la culture, la langue française au service de la démocratie et de la gouvernance, et la langue française au service du développement durable.
Au plus près des populations
À mi-parcours de la programmation 2024-2027, l’action de l’OIF produit des résultats tangibles : 1,7 millions de francophones ont bénéficié directement ou indirectement de ses actions de coopération. Pour illustrer cette activité programmatique, quelques résultats méritent d’être soulignés.
Le projet « État civil » a permis, par exemple, d’enregistrer plus de 500 000 personnes et d’en sensibiliser plus de 2 millions dans six États membres (Tchad, Cameroun, Madagascar, Togo, Guinée, Cambodge). En 2025, les actions ont été étendues au Bénin, aux Comores, à la République centrafricaine (RCA) et au Congo avec près de 300 000 personnes impactées.
La Mobilité des enseignants, qui contribue à un apprentissage de qualité du français a déployé une troisième cohorte de professeurs francophones au Rwanda et continuera son déploiement dans un nouveau pays, le Cambodge, d’ici la fin de l’année.
Toujours dans le secteur éducatif, le projet « Ecole et langues nationales », qui promeut l’intégration de l’enseignement bilingue dans les politiques publiques, a bénéficié à plus de 400 000 professeurs et écoliers. Les Centres de lecture et d’animation culturelle ont, quant à eux, été fréquentés par environ 700 000 visiteurs.
Dans le domaine politique, on peut citer le travail de fond effectué pour accompagner la préparation des élections dans les Etats où l’OIF est sollicitée. En 2025, des missions électorales ont été menées aux Comores, au Gabon, en Guinée, en Moldavie, aux Seychelles, au Cameroun et en Côte d’Ivoire.
Une démarche menée de pair avec son action en matière de lutte contre les désordres de l’information, que ce soit la sensibilisation des populations, notamment au Liban, en Moldavie, et en RCA, ou le soutien aux initiatives francophones : 10 nouveaux projets soutenus en 2025 pour promouvoir un espace informationnel intègre, pluraliste et résilient.
Sur la situation en Haïti, la Francophonie est en pointe de la mobilisation, aux côtés des partenaires internationaux, que ce soit à travers le plaidoyer de la Secrétaire générale en faveur d’une véritable solidarité internationale, la mobilisation des ambassadeurs francophones ou encore la formation en français et créole haïtien des différents contingents déployés sur place.
Dans un autre domaine, l’essor pris par la Francophonie économique peut se vérifier chaque année. Notamment à travers les missions économiques, le nouveau rendez-vous des entreprises francophones en quête de croissance à l’international. L’édition 2025, au Bénin, a été particulièrement fructueuse, avec la signature de plusieurs contrats, dont l’un à hauteur de 30 millions d’euros. Des missions retour ont également été organisées au Liban et au Vietnam pour concrétiser des partenariats.
En termes d’influence sur la scène internationale, l’OIF a joué un rôle déterminant dans le positionnement de candidats francophones qualifiés à la tête d’organisations internationales influentes, notamment l’Union africaine, l’UNESCO et la Banque africaine de développement. Elle a également formé les diplomates des deux pays francophones entrant en 2026 au Conseil de sécurité de l’ONU – la RDC et la Lettonie – aux dynamiques de travail et méthodes de négociation spécifiques à l’enceinte onusienne.
En mobilisant les ministres de la Culture de la Francophonie réunis à l’occasion de leur 5e Conférence, qui a abouti à la déclaration de Québec, la Francophonie s’engage concrètement en faveur de la découvrabilité des contenus culturels francophones, indispensable pour assurer une meilleure visibilité des artistes et des œuvres francophones dans l'espace numérique.
L’OIF consolide son accompagnement des voix francophones pour leur donner plus de poids dans les grandes enceintes internationales. A travers l’organisation à Genève du premier Forum francophone de la gouvernance du numérique et de l’intelligence artificielle, en amont de sa participation au Sommet mondial « L'IA au service du bien » et au SMSI+20, l’OIF a contribué à renforcer la voix des pays francophones dans les débats internationaux sur cet enjeu majeur.
De même, à Belém, au Brésil, à l’occasion de la COP 30, l’OIF a accompagné les délégations francophones dans les négociations sur les changements climatiques pour que leur voix puisse peser dans la balance.
Enfin – et cette liste n’est pas exhaustive –, l’OIF a poursuivi son action en faveur des femmes et des filles, priorité de la Secrétaire générale : pour sa 4e édition, la Caravane RELIEFH a sillonné les zones rurales de la Guinée pour sensibiliser des centaines d'élèves, enseignants et leaders communautaires à l'importance de l'éducation des filles et à l’égalité entre les femmes et les hommes, tandis que le Fonds de solidarité « La Francophonie avec Elles », qui en est à sa 6e édition, a bénéficié cette année à 15 000 femmes, en finançant des activités visant à favoriser leur autonomisation socio-économique.
Une programmation qui innove
Si l’année 2025 a permis d’approfondir des projets déjà bien ancrés, elle a également vu le lancement de nouvelles initiatives visant à répondre plus concrètement aux besoins des populations :
- « Cuisson propre », lancée en Côte d’Ivoire et Mauritanie, qui vise à promouvoir et vulgariser les technologies de cuisson vertes ;
- « Destination Éco-Talents », déployée à Cabo Verde, aux Comores, au Vietnam et au Cambodge, dont le but est de faire du tourisme durable un levier de développement économique, social et environnemental inclusif, préservant les patrimoines naturels et culturels ;
- « #CAP Innovation », qui accompagne des jeunes entrepreneurs et porteurs de projets dans les domaines de l’éducation et des compétences pour demain, de la transition écologique, de la culture et du numérique, et de la transformation sociale.
La Francophonie a également poursuivi son soutien aux acteurs des Industries culturelles et créatives avec deux nouveaux projets, l’un dédié à la circulation des biens culturels et des artistes et l’autre à la distribution et à la découvrabilité des œuvres francophones.
Un double anniversaire
Cette année a également été l’occasion de célébrer les vingt ans de deux structures œuvrant au sein de la coopération francophone.
Le Centre régional francophone pour l’Europe centrale et orientale (CREFECO) intervient en soutien aux communautés enseignantes et apprenantes en Albanie, Arménie, Bulgarie, Macédoine du Nord, Moldavie et Roumanie. Avec chaque année environ 3.500 bénéficiaires directs, et plus de 500 heures de formation dispensées, il fait vivre la langue française et la Francophonie depuis 20 ans dans cette région.
Autre structure ayant soufflé ses vingt bougies : la Conférence des OING de la Francophonie. Forte de ses 127 OING/ONG accréditées, la société civile francophone occupe aujourd’hui une place centrale dans l’architecture institutionnelle de la Francophonie : un espace singulier où la parole citoyenne dialogue désormais avec les gouvernements.
En route vers le Sommet de Siem Reap
L’année 2025 s’est conclue par la 46e Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF), à Kigali (Rwanda). Les 90 États et gouvernements membres de l’OIF y ont réaffirmé leur attachement à une Francophonie unie, solidaire et diverse, fondée sur des valeurs communes et le partage de la langue française.
Autour du thème « Trente ans après la Conférence de Beijing : la contribution des femmes dans l’espace francophone. », les délégués ont dressé un bilan de l’action de la Francophonie pour l’égalité femmes-hommes (EFH). Ils se sont aussi projetés vers l’avenir à travers l’Appel de Kigali, qui renouvelle l’engagement de la Francophonie dans ce domaine et lui donne les moyens d’aller plus loin dans la recherche de résultats ; ce texte vise notamment à améliorer la collecte de données sur l’EFH, à renforcer la participation des femmes, à reconnaître leur travail non rémunéré et à intégrer l’égalité dans les politiques publiques de l’espace francophone.
Enfin, la CMF a permis de s’engager sur la voie du XXe Sommet de la Francophonie qui se tiendra en 2026 à Siem Reap (Cambodge). Elle a marqué l’ouverture des candidatures à l’élection du ou de la prochain(e) Secrétaire général(e) pour le mandat 2027-2030, selon une procédure renouvelée. Par ailleurs, les dates et la thématique du Sommet ont été fixées : les Chefs d’Etat et de gouvernement francophones se réuniront les 15 et 16 novembre pour échanger autour des questions de paix et de développement durable.
Malgré les tensions et les incertitudes du monde, la Francophonie a su produire des effets concrets au service des populations. Elle continuera en 2026 d’œuvrer pour améliorer la qualité de l’éducation, soutenir l’enseignement du et en français, accompagner l’entrepreneuriat, développer les compétences de demain, et promouvoir des sociétés durables plus inclusives, notamment au bénéfice des femmes et des jeunes.