Le Groupe des Ambassadeurs francophones a reçu, le 9 octobre 2023, M. Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l’Homme des Nations Unies, actuellement à New York dans le cadre des travaux de la 3ème Commission de l’Assemblée générale.

Ce dialogue fut d’emblée l’occasion de rappeler l’attachement du Haut-Commissaire au multilinguisme et de revenir sur l’importance du partenariat développé entre l’OIF et le HCDH au fil des ans. M. Türk a abordé les priorités de son mandat, à l’aune des défis posés par des relations internationale de plus en plus polarisées.

Dans ce contexte, la trans-régionalité du groupe francophone offre des atouts et constitue un lieu pour réfléchir aux moyens de lutter contre cette polarisation dans les enceintes onusiennes. Le Haut-Commissaire a rappelé l’importance des textes normatifs en vigueur sur les droits fondamentaux, qui sont autant d’obligations des Etats membres apportant une certaine stabilité. La Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH), dont le 75ème anniversaire sera célébré en décembre 2023, représente à cet égard un texte clé, reflétant toute la sagesse humaine. Le Haut-Commissaire a appelé le groupe francophone à pleinement prendre part à cette célébration, avec l’objectif de mettre en lumière les valeurs portées par la DUDH, son histoire et son futur à l’aune, notamment, des développements du numérique. Cet anniversaire offre également l’opportunité de renforcer le pilier « droits de l’Homme » à l’ONU aussi bien que dans le cadre des préparatifs du Sommet de l’avenir, programmé en septembre 2024. Enfin, le Haut-Commissaire a souligné l’insuffisance des ressources pour la mise en œuvre de son mandat.  

Les Ambassadeurs ont voulu saluer le travail du Haut-Commissaire, singulièrement sur le terrain, et revenir sur la question des ressources financières, qui sera discutée lors des travaux de la 5ème Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies, ou encore sur l’importance de ne pas mettre un accent excessif sur les droits civils et politiques, mais bien de considérer les droits de l’Homme dans toutes leurs déclinaisons. Pour les Ambassadeurs en effet, se focaliser sur une partie seulement de l’agenda des droits de l’Homme est contreproductif. Il faut par ailleurs bâtir des liens avec l’agenda du Conseil de sécurité, et parvenir à consacrer l’universalité des droits de l’Homme tout en prenant pleinement en considération les cultures et l’histoire de chaque région du monde, une histoire qui pèse et qui doit par conséquent être respectée. Les Ambassadeurs ont apprécié la vision dynamique du Haut-Commissaire au regard des défis posés à la promotion et à la protection des droits fondamentaux dans le contexte des développements du numérique, du droit au développement et des droits sociaux, ainsi que de la protection du climat. Le 75ème anniversaire de la DUDH est une opportunité unique afin de réaffirmer le consensus mondial autour de ce texte fondamental.  

Le Groupe des Ambassadeurs francophones a ensuite entendu un exposé du Représentant permanent adjoint de l’Arménie sur la situation au Haut-Karabagh. Revenant sur l’offensive à grande échelle déclenchée en septembre 2023 par l’Azerbaïdjan après le long blocus imposé à la population du Haut-Karabagh, le Représentant a rappelé que la situation était prévisible et évitable, et qu’elle a été la dernière étape rendue possible par l’absence des organismes internationaux sur place. A l’heure actuelle, la population du Haut Karabagh est réfugiée en Arménie, et la priorité est à l’aide. Ensuite sera priorisée la garantie de la sécurité de la population. Pour le Représentant de l’Arménie, il faut une évaluation claire par l’ONU des conséquences de l’agression et un engagement continu de l’ONU sur le terrain. Sans cette évaluation, le sentiment d’impunité sera ressenti bien au-delà de la région ; la crédibilité de l’ONU dépend de sa réponse à des catastrophes humaines et humanitaires de ce genre.  

L’ordre du jour a ensuite réservé un temps important à la présentation du programme de travail du Conseil de sécurité, avec l’intervention du Président en exercice du Conseil pour le mois d’octobre, le Représentant permanent du Brésil auprès des Nations Unies, diplomate parfaitement francophone qui s’attache à promouvoir le multilinguisme au Conseil de sécurité au bénéfice de l’action multilatérale. L’Ambassadeur du Brésil a rappelé l’objectif de transparence et d’inclusivité de son pays durant son mandat au Conseil de sécurité, et a présenté un programme chargé du Conseil en octobre, comprenant, outre l’adoption le 2 octobre 2023 de la résolution autorisant le déploiement d’une force multinationale d’appui à la sécurité en Haïti, l’examen de nombreux rapports sur les situations pays et régionales, ainsi que plusieurs débats de haut niveau. Ceux-ci mettront l’accent sur la coopération entre l’ONU et l’Union africaine, sur les mécanismes régionaux de paix et de sécurité, ainsi que sur l’agenda « femmes, paix et sécurité ».  L’Ambassadeur a souligné que son pays parle à tous les Etats et espéré que cette marque de sa diplomatie serve les objectifs du Conseil au cours des prochaines semaines.  

Le point sur les candidatures francophones a principalement permis d’accueillir le candidat de la RDC à la Cour internationale de justice (CIJ), qui a amplement souligné l’importance de préserver la représentativité des différents systèmes et cultures juridiques au sein de la CIJ.  

Enfin, sous le point dédié aux questions diverses, le Représentant permanent du Cameroun a présenté les modalités de la prochaine Conférence ministérielle de la Francophonie organisée à Yaoundé les 4 et 5 novembre 2023.  

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