Un atelier de sensibilisation sur les politiques publiques favorables à la production et la valorisation des données numériques en Haïti a été organisé à Pétionville, du 10 au 12 décembre 2019, par le Bureau régional de l’OIF pour les pays de la Caraïbe et de l’Amérique latine.

Agir vite et sauter des étapes, tel est l’impératif qui s’impose aux Haïtiens s’ils ne veulent pas devenir les « esclaves du XXIè siècle ». « Cette forme d’esclavage n’a rien à voir avec la couleur de la peau ou l’origine ethnique. Elle est le résultat de l’insuffisance de savoir-faire, de connaissances et de compétences ». Ces propos coup de poing de Patrick Attié, Directeur de l’Ecole supérieure d’Infotronique d’Haïti (ESIH), résument le sentiment d’urgence qui a prévalu lors de l’atelier sur la valorisation des données numériques. Cette rencontre a regroupé 25 participants provenant des opérateurs de téléphonie mobile, des fournisseurs d’accès internet, des pouvoirs publics, des organisations de la société civile militant dans le domaine du numérique et du monde académique. Son objectif général était de sensibiliser les parties prenantes à la nécessité de mettre en place des politiques publiques favorables à la production et à la valorisation des données en Haïti.

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Dressant un état des lieux, les participants ont constaté que les Haïtiens produisent beaucoup de données à travers les réseaux sociaux, mais ne tirent pas parti de l’économie de la donnée, laquelle contribue très peu à la création de richesse. La structure de marché oligopolistique de l’économie haïtienne ne permet pas à l’économie réelle d’être fonctionnelle. Ce qui explique en partie l’absence d’un écosystème favorable à l’innovation et l’entrepreneuriat. Les Haïtiens ne bénéficient pas ou peu de formations à l’entrepreneuriat à l’éducation financière, de sorte que les jeunes ont des difficultés à traiter sérieusement la question des modèles économiques dans leurs initiatives dans le numérique. Comment savoir faire payer les autres et générer de l’argent demeure une problématique difficile à appréhender. Certes, il existe de rares initiatives qui font exception : c’est le cas des entreprises du secteur des services financiers mobiles qui essaient modestement d’exploiter les données générées par leurs clients. La volonté politique tarde aussi à s’affirmer pour afficher une ambition nationale dans la transformation numérique de la société.

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Face à ces contraintes, les participants à l’atelier ont recommandé une plus large concertation avec les parties prenantes pour arriver à une compréhension partagée du diagnostic du secteur du numérique en Haïti et identifier les opportunités dont le pays pourrait se saisir. Le constat est que nous ne sommes plus à l’ère du numérique, mais dans une nouvelle phase qui associe le physique, le biologique et le numérique. Cette nouvelle ère de la science tend à mélanger l’intelligence artificielle, la nanotechnologie, la robotique, le blockchain, la réalité augmentée et la réalité virtuelle, la gamification, le calcul quantique, le transhumanisme et la conquête de mars.  Dès lors, se pose à des pays comme Haïti une question pressante : que doit-on faire pour rester pertinent dans ce nouveau monde qui utilise beaucoup de données numériques ? Le pays peut faire l’option de la complémentarité. Une ambition nationale s’impose pour faire des sauts de grenouille technologiques, sauter des étapes. Pour cela, il convient d’encourager les pouvoirs publics à s’engager au plus vite pour mettre en place un écosystème favorable à travers la promotion d’un gouvernement électronique ouvert et participatif, l’adoption d’un cadre légal adéquat, le déploiement d’un système de formation orientée données et le développement des infrastructures, notamment la connectivité et l’électricité. La création d’un fonds pour l’innovation pourrait être également d’un accompagnement efficace. La jeunesse pourra être mobilisée pour promouvoir un nouveau type d’entrepreneuriat.

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