A l’occasion de la Journée mondiale de la Radio, le 13 février 2023, autour du thème “Radio et Paix”, Emmanuel Adjovi, Chargé de la coordination de Radio Jeunesse Sahel, nous explique comment ce média peut être un vecteur de paix dans une région en proie à l'instabilité. 

« La paix n’est pas un vain mot, c’est un comportement ». Ces propos de Félix Houphouët-Boigny, ancien chef d’Etat de Côte d’Ivoire, prennent une signification particulière pour les populations des pays du Sahel confrontées, depuis plusieurs années, à l’insécurité provoquée par des groupes jihadistes, des réseaux criminels de trafiquants et des conflits intercommunautaires.  

Face à ces défis sécuritaires qui empoisonnent la quiétude des populations, la Secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo a proposé aux chefs d’Etat des pays du Sahel (Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), réunis en 2020 à Pau (France), la mise en place d’une radio régionale dédiée à la Jeunesse.  De cette proposition, acceptée à l’unanimité, est née « Radio jeunesse Sahel » (RJS), un projet soutenu par le G5 Sahel et l’Union européenne. RJS se veut, en effet, une réponse stratégique de la Francophonie aux enjeux de paix et de sécurité qui taraudent les 82 millions d'habitants de la bande sahélienne. 

Le thème « Radio et paix » de la journée internationale de la radio, édition 2023, souligne toute la pertinence de cette initiative en faveur des populations. En effet, 64,5% des populations du Sahel ayant moins de 25 ans, l’on ne saurait envisager la paix dans cette région sans associer les jeunes. Ils sont les premières victimes de l’insécurité et de l’instabilité, soit parce que certains d’entre eux sont enrôlés pour commettre des attentats et des actes de violence au risque de se faire tuer, soit parce que le terrorisme désorganise les structures économiques et sociales, en créant des conditions défavorables à leur épanouissement ; ce qui fragilise encore la paix. C’est pourquoi RJS présente une double caractéristique qui l’engage au service de la paix dans le Sahel : Il s’agit à la fois d’une radio thématique consacrée à la jeunesse et d’un média transnational. 

Dans ces conditions, une radio qui s’adresse à eux constitue un puissant outil pour contribuer à leur sensibilisation et à leur épanouissement. D’après un rapport de Deloitte de 2019, la radio demeurerait le média de masse le plus important, avec près de 3 milliards d’utilisateurs hebdomadaires. C’est une plate-forme d'information et de débat de premier plan, en particulier pour les plus pauvres et les plus marginalisés. Elle se montre attractive pour les jeunes lorsque les technologies numériques leur en facilitent l'accès. C’est à la fois un média de l’intimité et de l’intermédiation des débats de la société. Elle peut donc contribuer à la paix dans une société, lorsqu’elle s’investit dans la promotion des valeurs de tolérance et du dialogue.  

C’est dans cette optique que s’inscrit Radio Jeunesse Sahel, dont les deux principaux objectifs sont de favoriser le vivre ensemble et de faire des jeunes des citoyens responsables. Il s’agit de promouvoir une vision constructive de l’avenir en offrant aux jeunes de 15 à 35 ans, à la fois, un sens d’appropriation de leur avenir et le reflet de leur réalité à travers un contenu authentique, crédible, fiable et inspirant. RJS se veut ainsi un espace de dialogue inclusif et équilibré et un vecteur de diffusion des valeurs de diversité culturelle et linguistique. Car, en plus du français, la radio diffusera ses programmes en bamanakan, mooré, fufuldé, arabe et haoussa. 2022 a vu la matérialisation de cette idée avec l’installation du siège de la Radio à Ouagadougou, en septembre, et l’implantation des antennes nationales dans les quatre autres pays du G5 Sahel.  

Les jeunes sont la clé de la paix dans le Sahel. RJS se positionne ainsi comme « une radio par, pour et avec les jeunes », au service de la paix, de la stabilité et de la citoyenneté. Nous invitons les artisans de paix à soutenir le développement de Radio Jeunesse Sahel afin d’encourager les jeunes à adopter des comportements de citoyens responsables et engagés en faveur du développement harmonieux de nos sociétés.  

 

 

 

 

 

 

 

 

Emmanuel V. ADJOVI, représentant régional de l’OIF,

chargé de la coordination de RJS 

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