Le lancement officiel de la Mobilité des enseignant(e)s de et en français aux Seychelles, au mois de février 2024, a été l’occasion de faire un premier bilan depuis sa mise en œuvre au Rwanda et au Ghana à partir de 2020.

Le constat a été dressé depuis plusieurs années : le manque* d'enseignants de et en français qualifiés est un des principaux défis à relever pour assurer d’une part la formation des futurs locuteurs de français, et, d’autre part, consolider chez eux le sentiment d’appartenance à l’espace francophone dans toute sa diversité. En outre, le métier d’enseignant souffre également d’un manque d’attractivité et d’un déficit de valorisation.

C’est pour contribuer à répondre à ces enjeux que la Mobilité des enseignant(e)s de et en français a été lancée, en 2020, à l’initiative de Secrétaire générale de la Francophonie : ce projet vise le renforcement des compétences linguistiques des professeurs, l’amélioration des pratiques d’enseignement et la création d’un environnement francophone visible et impactant à travers les échanges d’expériences et d’expertise entre enseignants et professionnels de l’éducation.

Concrètement, des enseignants de et en français issus de tout l’espace francophone sont recrutés pour intervenir dans les établissements scolaires et/ou de formation du pays d’accueil. Ils ont le statut d’enseignants volontaires (VOIF).

 

Le Rwanda, pays pionnier

Le Rwanda a été le premier pays à accueillir des volontaires, avec une promotion de 24 enseignant(e)s dès 2020. Ceux-ci ont été affectés en priorité dans les Teacher training centers (TTC) qui forment les futurs professeurs ainsi que dans les écoles d’application des environs (photo ci-dessous). Le bilan de leur mandat a été positif notamment concernant les activités francophones extrascolaires réalisées : ils ont mis en place plusieurs projets ludiques dont un concours national de dictée auquel tous les élèves des quatre districts et de Kigali ont pu participer.

Mme Nadine Nshimirimana, du Bureau rwandais pour l’Education de base, le confirme : selon elle, grâce à ce projet, « les enseignant(e)s envisagent de nouveau la possibilité de pratiquer le français, et les apprenant(e)s s’y intéressent davantage et changent d’attitude face à cette langue (…) Ils/elles se confortent dans l’idée que le français devient ou est un élément/outil incontournable pour leur développement professionnel et personnel. »

En avril 2022, une seconde promotion a été déployée dans ce pays, permettant d’élargir cette expérience à 50 nouveaux volontaires représentant dix nationalités de l’espace francophone. Cette promotion terminera sa mission fin juin 2024 pour laisser la place à de nouvelles recrues dès septembre 2024.

 

Consolidation au Ghana

Le deuxième pays à avoir rejoint le projet est le Ghana, où une promotion de 21 enseignant(e)s volontaires, issus de 10 pays de l’espace francophones (photo ci-dessous), a été déployée en février 2022 ; le fruit d’une coopération multilatérale entre l’OIF, le ministère de l’Education du Ghana et l’Ambassade de France à Accra.

Afin d’adapter le projet aux besoins spécifiques du pays, les volontaires exercent dans trois types d’institutions : les classes bilingues où ils accompagnent les enseignants titulaires de français et des disciplines non linguistiques ; les Colleges of Education (COE), en charge de la formation initiale des enseignants ; et les Centres régionaux pour l’enseignement du français (CREF) qui assurent la formation continue des professeurs. 

Ces volontaires se sont distingués par les activités francophones extrascolaires qu’ils et elles ont pu mettre en place, notamment les journées spéciales : « Noël en français » dans toutes les classes bilingues et la Fête de la musique, qui a pu célébrer en 2023 sa seconde édition dans quatre villes du Ghana. Enseignante venue de Serbie, Andjela Purić résume en quoi ce projet peut être source d’exemple et de motivation : « Ce que j’ai trouvé intéressant, c’est que pendant les visites des écoles, les élèves pensent que je suis Française. Quand je leur dis que je suis Serbe et que j’ai appris le français comme eux à l’école, ils sont contents de voir que tout est possible pour celui qui veut ». Comme au Rwanda, une nouvelle promotion sera déployée à partir de septembre 2024 au Ghana.

 

Lancement aux Seychelles

La Mobilité a eu en 2023 un impact positif sur plus de 35 000 élèves et enseignant(e)s dans les deux premiers pays bénéficiaires. Des résultats encourageants qui ont sans doute convaincu les Seychelles de rejoindre le programme.

Le 5 février 2024 se déroulait en effet le lancement officiel du projet de Mobilité dans ce pays, sur l’île de Mahé, en présence du ministre de l'Education, de l’Ambassadrice de France, de la directrice de l’Alliance française, de représentants de l’Association seychelloises des enseignants de français, de la Commission nationale pour la Francophonie, ainsi que des enseignants, coordinateurs et coordinatrices et cheffes d’établissements seychellois.

Ce lancement fait suite à la signature d’un plan d’action en faveur de la langue française en marge du 18e Sommet de la Francophonie à Djerba (novembre 2022). Les 25 enseignant(e)s volontaires recrutés pour rejoindre les établissements seychellois (photo ci-contre) sont arrivés sur place : ces 14 femmes et 11 hommes viennent de 13 pays, tous membres, associés ou observateurs de l’OIF.

Quatre parmi eux sont originaires du Rwanda et du Ghana, où ils avaient pu travailler au contact des volontaires déployés dans ces pays. Une collaboration réussie qui n’a fait que renforcer leur envie de transmettre à leur tour leur expérience dans un autre pays francophone. La boucle est bouclée.

 

* Voir le rapport de l'Observatoire de la langue française 2022

 

===Lancement de la Mobilité aux Seychelles==Voir aussi==https://www.francophonie.org/lancement-de-la-mobilite-des-enseignants-aux-seychelles-3076===

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