Chapeau
Quatrième volet de notre série mensuelle sur les solutions concrètes qu’apporte la Francophonie à travers ses programmes. Ce mois-ci, rencontre avec Guy Josué Foumane, scénariste, réalisateur, producteur et écrivain camerounais. Son dernier projet « La gendarme enquête » a bénéficié de l’aide du Fonds Image de la Francophonie.
Chapeau
Quatrième volet de notre série mensuelle sur les solutions concrètes qu’apporte la Francophonie à travers ses programmes. Ce mois-ci, rencontre avec Guy Josué Foumane, scénariste, réalisateur, producteur et écrivain camerounais. Son dernier projet « La gendarme enquête » a bénéficié de l’aide du Fonds Image de la Francophonie.
Publié le : 06/02/2016
Quel est le sujet de cette série ?
« La Gendarme enquête » relate les aventures de deux gendarmes intrépides dont le courage fou n’a d’égal que leur détermination à faire respecter la loi, coûte que coûte, dans les zones où ils sont affectés. L’héroïne, une jeune gendarme de 25 ans, fraichement affectée dans une brigade de gendarmerie parmi les plus paumées du pays, a le goût du risque et de l’adrénaline. Epaulée par un collègue dur à cuire, elle donne du fil à retordre aux chefs de villages véreux qui écument les profondeurs de la jungle sauvage et se rendent coupables des crimes les plus sordides. Guidés par leur seule obsession de trouver la vérité, ils n’hésitent pas à remonter jusqu’aux plus hautes cimes de l’État dans leur quêtent de justice.
Quel(s) message(s) souhaitez-vous véhiculer à travers elle ?
La Série a, si je puis dire, un triple-message : d’abord montrer que c’est possible de faire aussi bien et aussi « original » que les séries occidentales sur les plans scénaristiques, esthétiques et techniques. De deux, faire comprendre que la loi doit être la même partout et qu’ils ne saurait exister, en Afrique, des zones de non-droit où le crime peut régner en maître. Et troisièmement, insuffler un nouveau bol d’air aux Séries TV africaines dont la qualité, qu’il s’agisse du jeu des acteurs, de la photographie ou du Son, est souvent largement décriée.
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Vous avez tourné la majorité de la série en milieu rural, pourquoi ce choix ?
Le genre est tout simplement quasi inexistant en Afrique. Quand un réalisateur africain pense Série TV, c’est d’abord et avant tout un projet urbain. Tous aiment tourner en ville, traiter de la réalité urbaine. C’est leur choix et je le respecte. Moi je voulais une série africaine qui va à l’encontre des codes conventionnels du genre, qui fait le pari du milieu rural 100% africain : ces territoires du bout du monde, véritables no man's land de plusieurs milliers de kilomètres carrés où très souvent ni l’électricité ni l’eau portable n’ont jamais débarqué, où les trafics, les crimes et les croyances folles prolifèrent jusqu’à la limite du surnaturel, où l’Etat est en réalité peu présent – hormis quelques gendarmeries et sous-préfectures éparses dont la petite dizaine d’hommes, souvent très mal équipée, doit essayer de faire respecter la loi.
Vous avez bénéficié d’une aide du Fonds Image de la Francophonie, en quoi celle-ci vous a-t-elle aidée dans l’élaboration et/ou la finition de ce projet ?
L’aide de l’OIF est sans aucun doute celle sans laquelle ce projet ne serait pas là où il est aujourd’hui. Certes les épisodes ne sont pas encore disponibles, mais sont en voie de l’être. Cette aide a ouvert bien des portes, servi d’aiguillage vers des diffuseurs et entrainé un effet de levier vers d’autres financements, notamment ivoiriens. Beaucoup d’étapes ont été franchies grâce à cet apport de l’OIF : le projet a aujourd’hui son site internet (www.la-gendarme-enquete.com), une bande annonce choc, ainsi que la quasi totalité du matériel de tournage sophistiqué en 4K. L’OIF a sans doute soutenu ce projet pour sa qualité, mais nous ne saurons jamais assez remercier cette commission quand on sait combien il est difficile pour un réalisateur africain, de nos jours, de financer un projet.
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Comment envisagez-vous le futur de l’audiovisuel en Afrique ?
Les choses bougent, bien qu’avec une extrême lenteur. Pour être dans le système depuis plus de 20 ans je me définit comme une sorte de baromètre, de thermomètre de l’Audiovisuel en Afrique. Et je perçois des signes très positifs. D’abord les techniciens, beaucoup mieux formés qu’il y a 10 ou 20 ans, et une floraison de la production qui, même si elle reste de qualité très moyenne, a déjà le mérite d’exister et sert de tremplin à des aspirants comédiens, réalisateurs, producteurs, etc. Je suis par exemple heureux de voir aujourd’hui des techniciens et comédiens nigérians percer à Hollywood. Ce n’était même pas imaginable il y a 15 ans. Mais le plus important est sans doute l’intérêt que portent aujourd’hui à l’Afrique les grands groupes audiovisuels : CANAL+ semble de plus en plus résolu à en faire sa base arrière et développe à ce titre plusieurs projets de Série TV à tourner sur le continent. Plus récemment, j’ai vu arriver avec beaucoup de plaisir sur tout le continent Africain la célèbre plateforme de VOD américaine NETFLIX ! Les retombées pour les techniciens africains que nous sommes sont désormais évidentes dans la mesure où ces grands groupes, pour fidéliser l’audimat africain, n’auront pas d’autres choix que de soutenir la production locale à des niveaux jamais atteints, notamment en terme de budgets de production. Nous ne pouvions pas espérer mieux !
Quels conseils donneriez-vous à un jeune réalisateur / scénariste ?
J’ai pour eux trois conseils : le travail, le travail, et encore le travail ! Mais aussi une bonne dose d’humilité et surtout une énorme patience. L’empressement est le meilleur moyen de fabriquer des œuvres soporifiques qui n’auront aucune chance d’être commercialisées. Faire un film est certes exaltant et très passionnant, mais c’est aussi terriblement complexe. Ils doivent se donner le temps d’apprendre, de progresser. Cela peut parfois prendre des années. C’est un adage qu’ils doivent s’approprier, avec une ambition bien chevillée à leur corps : produire de la qualité ! Certes la qualité va avec un cadre de travail et des moyens financiers conséquents, mais plus ils seront en capacité de présenter des projets bien ficelés et porteurs, plus ils auront de chances de taper dans l’œil d’un grand distributeur ou de décrocher d’importantes subventions.
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{{Le Saviez-vous ?}}
-* Le fonds Image permet d’accompagner les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel des pays francophones du Sud.
-* Depuis sa création en 1988, près de 1500 oeuvres de cinéma et de télévision ont bénéficié de son soutien
-* Pour qu’un projet soit éligible, il doit concerner une œuvre:
-** réalisée par un ressortissant d’un pays francophone du Sud
-** produite par une société de production d’un pays francophone du Sud
-** Tournée soit en français, soit dans l’une des langues locales des pays éligibles avec un sous-titrage français
-** Et tournée principalement dans un pays francophone du Sud|
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