Le Groupe des ambassadeurs francophones auprès des Nations unies à New York a tenu, en ligne, une réunion spéciale avec António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, le 1er juillet 2020.

Cette rencontre s’est inscrite dans le cadre de la mobilisation du Groupe des ambassadeurs francophones en soutien à un multilatéralisme fort, résilient et rénové, et a ainsi principalement porté sur les enjeux afférents au multilinguisme, dans un contexte où, depuis l’aménagement des modalités de travail des organes principaux des Nations unies du fait de la crise sanitaire, le multilinguisme est mis à mal. La réunion, sous la Présidence de l’Ambassadeur Léon Kacou Adom, Représentant permanent de la Côte d’Ivoire auprès des Nations unies, a mobilisé près d’une centaine de diplomates francophones accrédités auprès des Nations unies.

Cette rencontre a été l’occasion de rappeler la pleine disponibilité et la mobilisation du Groupe des ambassadeurs francophones afin de contribuer à la réflexion en soutien d’un multilatéralisme plus solidaire et inclusif, plus agissant et plus humain et donc plus respectueux de la diversité. La Francophonie a souligné l’importance de refonder la diversité dans le système multilatéral, dans la mesure où le respect de la diversité est la condition du plein engagement des Etats et de leur participation à la discussion internationale.

Heureux de retrouver à l’occasion de ce dialogue les membres de la famille francophone, le Secrétaire général des Nations unies a, d’emblée, rappelé son plein engagement en faveur du multilinguisme et souligné le besoin d’une réponse globale et coordonnée à la crise, multiforme, que nous traversons, aussi bien que d’un multilatéralisme en réseau et inclusif s’appuyant sur la participation de toutes les Organisations. Dans ce cadre, le multilinguisme est une composante essentielle de l’inclusivité : le Secrétaire général s’est dit conscient de la frustration collective liée aux modes de travail actuels des organes onusiens qui ne bénéficient d’aucune interprétation simultanée, et a confirmé que des solutions techniques devraient être prochainement disponibles.

Les points principaux de la discussion ont permis de mettre en relief les secteurs prioritaires de mobilisation du Groupe des ambassadeurs francophones, aux côtés du Secrétariat général des Nations unies :

  • l’expression de la solidarité et d’une voix francophones en soutien aux initiatives multilatérales et dans la réponse aux défis mondiaux, dont celui du changement climatique, de la mise en œuvre effective du programme de développement durable à l’horizon 2030, de l’allègement de la dette dans les pays en développement, ou encore de l'accès équitable pour tous aux vaccins, diagnostics et thérapies pour faire face à la pandémie de COVID-19, et surtout pour faire face à la crise du COVID-19, à travers le multilatéralisme. Le Secrétaire général a en outre appelé à la mobilisation francophone pour un « cessez-le-feu dans les foyers », dans le cadre des efforts de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants ;

 

  • la contribution francophone à un multilatéralisme rénové et inclusif reposant sur une capacité du système multilatéral à bâtir des réponses adaptées, traduisant la diversité culturelle et linguistique des différentes régions, et de renforcer ses interactions avec l’ensemble des parties prenantes, y compris la société civile et le secteur privé ;

 

  • la mise en œuvre effective des règles relatives au multilinguisme dans le fonctionnement onusien, le « multilinguisme, autre versant du multilatéralisme, étant l’antidote face à l’unilatéralisme », et la consécration de la diversité linguistique comme un troisième pilier à côté de la parité des genres et de la représentation géographique. Dans ce sens, a été soulignée l’opportunité qu’offre la crise que nous traversons de faire avancer l’engagement commun de la Francophonie et des Nations unies en faveur du plein respect du multilinguisme. Sur ces enjeux, le Groupe francophone a sondé le Secrétaire général quant à l’état d’avancement du nouveau cadre directeur sur le multilinguisme, de même que sur l’intégration d’indicateurs linguistiques dans la stratégie des ressources humaines des Nations unies. L’éclairage principal a porté sur le « Cadre des Nations unies pour les langues » : le Bureau des ressources humaines des Nations unies a en effet achevé la rédaction du Cadre qui a pour objectif d’harmoniser et de renforcer la cohérence de l’apprentissage des six langues officielles et de l’évaluation des compétences linguistiques dans ces six langues. Ce Cadre, qui traite de manière égale ces langues, permettra de parler de multilinguisme sur une base commune dans l’apprentissage, l’enseignement, la certification, l’évolution de carrière, dans le recrutement et dans les descriptifs de postes et d’affectations ;

 

  • la problématique spécifique des opérations de maintien de la paix et l’enjeu que représente la pleine prise en compte des défis linguistiques pour la performance des opérations déployées.

 

En conclusion, le Groupe francophone a exprimé toute sa gratitude au Secrétaire général et à ses équipes, et son souhait d’un échange régulier dans ce format, afin de permettre un suivi régulier des perspectives et préoccupations qu’il porte.

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