Le 3 mai 2023 marque le 30e anniversaire de la proclamation de la Journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des Nations unies. Consacrée au thème « Façonner un avenir des droits, la liberté d’expression : clé de voûte des droits humains » (UNESCO), elle est l’occasion pour la Francophonie de réaffirmer la constance de son engagement en soutien de celles et ceux qui en sont les principaux garants et porte-voix. 

 

La liberté d’expression : pierre angulaire des droits humains   

Clé de voute des droits humains, la liberté d’expression consacrée à l’Article 19 de la Déclaration des droits de l’Homme, est une nouvelle fois célébrée à l’occasion du 3 mai – Journée mondiale de la liberté de la presse.   

Présentée comme le « moteur » de toutes les autres libertés, son effectivité conditionne l’exercice plein et entier des droits les plus fondamentaux : liberté d’expression, d’association, de manifester, droit à l’information… Si bien que l’état de la presse dans un contexte donné tend à refléter avec acuité celui des libertés que l’on y observe. C’est un indicateur incontournable de la vitalité démocratique de nos sociétés et donc un enjeu central dans le combat pour la protection des droits humains.

La mobilisation de l’OIF en faveur de la protection des défenseurs des droits et des lanceurs d’alertes traduit une dynamique engagée par la Francophonie et ses réseaux institutionnels pour mieux protéger les droits des détenteurs et facilitateurs d’informations. 

 

Principes fondamentaux et nouvelles pratiques  

Ces deux dernières décennies ont eu leurs lots de défis pour les professionnels des médias, confrontés à une multiplicité de facteurs complexifiant – et dans certains cas entravant – leur mission de recueil, de production et de diffusion de l’information.  

Les tensions relatives à l’intégrité des processus électoraux, l’infodémie* résultant de la crise sanitaire, la recrudescence des conflits territoriaux sont autant d’évènements à la faveur desquels les médias ont dû faire montre d’adaptabilité et d’innovation pour honorer leurs missions d’information publique.

A ces faits marquants, s’ajoute l’émergence de nouvelles pratiques informationnelles induites par les réseaux sociaux, concourant à l’accélération du temps de l’information et à la nécessité de réaffirmer l’importance des principes de déontologie et d’éthique, chevillés au corps d’une majorité de femmes et d’hommes des médias.  

Forte de ce constat, la Francophonie propose un appui constant aux parties prenantes œuvrant à l’exercice responsable du droit d’informer. Celui-ci se matérialise par l’appui à la régulation démocratique des médias, en liens étroits avec les autorités nationales de régulation des médias – réunies au sein du Réseau francophone des régulateurs des médias (REFRAM) – et chargées de veiller à l’exercice libre, indépendant, pluriel et responsable de l’activité médiatique.  

Ce soutien se traduit également par le renforcement des capacités des journalistes à la couverture médiatique des processus électoraux ; le rayonnement des médias francophones à travers l’opérateur audiovisuel TV5MONDE, ainsi que l’attribution annuelle du Prix francophone de l’Innovation dans les Médias, récompensant les médias  francophone ayant su développer des offres innovantes intégrant les nouveaux modes de consommation et d’accès à l’information. 

 

Désinformation et insécurité des journalistes

Cette journée mondiale de la liberté de la presse est aussi l’occasion de saluer l’engagement sans faille des professionnels des médias, bien souvent entravés dans l’accomplissement de leur mission d’information.  Avec 86 journalistes et professionnels des médias tués dans le monde, l’année 2022 a été celle du rebond spectaculaire de l’insécurité de la presse, par rapport aux deux années précédentes (+56%)**.  

On observe également que le secteur médiatique, déjà en proie à d’importantes mutations, se trouve désormais confronté à une myriade de désordres informationnels en ligne (désinformation, complotisme, discours haineux) qui, non contents de saper la cohésion sociale, contestent l’Etat de droit et prennent également pour cibles celles et ceux dont la mission est précisément d’éclairer le débat public et démocratique.

La désinformation fait en réalité peser une double menace. D’abord sur l’intégrité des processus démocratiques, à travers des campagnes de désinformation visant à orienter voire manipuler l’opinion, notamment en période électorale. A cet effet, l’OIF lançait en 2021 son Projet phare « Lutte contre la désinformation » afin d’apporter une réponse francophone à ce fléau : appui à l’élaboration de politiques publiques de lutte contre la désinformation respectueuse de la liberté d’expression ; soutien à la vérification des faits ; développement de l’éducation aux médias et à l’information ; et soutien à la recherche et la diffusion de connaissances sur la désinformation, constituent les principaux axes d’accompagnement proposés par l’OIF en la matière. La plateforme francophone des initiatives de lutte contre la désinformation « ODIL » – créée pour valoriser et fédérer les actions et acteurs francophones de la lutte contre la désinformation – apparait comme le fer de lance d’une programmation déjà forte de 500 professionnels des médias renforcés, 57 initiatives ou projets soutenus et 20 pays bénéficiaires.    

La désinformation influe d’autre part sur l’intégrité morale et physique des journalistes. Les violences ciblant les professionnels des médias ont crû considérablement au cours des dernières années, particulièrement à l’endroit des femmes journalistes, victimes privilégiées du cyberharcèlement et des campagnes de dénigrement. Face à pareil enjeu, l’OIF en partenariat avec Reporters Sans Frontières, a réédité en 2022 le Guide sur la sécurité des journalistes et l’intégrité de l’information en période électorale, pour aiguiller les professionnels des médias déployés sur le terrain électoral, et rappeler aux autorités publiques leurs obligations en la matière.  

Enfin, dans le sillage du Dialogue mondial de l’UNESCO sur la lutte contre le discours de haine et la désinformation genrée en ligne – le projet phare de lutte contre la désinformation de l’OIF s’attache d’ores et déjà à soutenir des initiatives visant à dévoiler les rouages et mécanismes à l’œuvre en la matière.   

Tel que dressé, ce tableau des défis et enjeux de la liberté de la presse nous intime de réaffirmer avec force que le combat pour une presse libre, indépendante et responsable est une œuvre quotidienne, à laquelle l’OIF et ses partenaires continueront de s’employer avec constance et détermination. 

 

* (Néologisme) Vague d’informations fausses ou trompeuses sur les réseaux sociaux et les moteurs de recherche à propos d’une pandémie.

** Communiqué de presse Unesco (2023)

Plus d'informations sur cette journée sur le site de l'ONU

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