À l’invitation des autorités de la République de Côte d’Ivoire, la Secrétaire générale de la Francophonie a déployé une Mission électorale de la Francophonie (MEF) à l’occasion des élections législatives du 27 décembre 2025 dans cet Etat membre.
Conduite par Son Excellence Monsieur Ousmane Paye, ancien ministre et ambassadeur du Sénégal, cette mission comprenait une parlementaire représentant l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) et des experts provenant de divers pays francophones.
Présente à Abidjan depuis le 22 décembre 2025, la MEF a rencontré les représentants du ministère des Affaires étrangères et a échangé avec les parties prenantes du processus électoral, notamment la Commission électorale indépendante (CEI), le Conseil constitutionnel (CC), la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), l’Autorité nationale de la presse (ANP), le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), la Convention de la société civile ivoirienne (CSCI) ainsi que des représentations diplomatiques présentes en Côte d’Ivoire. La mission s’est également entretenue avec la Cheffe de la mission électorale de l’Union africaine.
La Mission électorale de la Francophonie s’est attachée à évaluer, conformément aux dispositions de la Déclaration de Bamako du 3 novembre 2000, les conditions de préparation et de déroulement des élections.
Le jour du scrutin, les membres de la MEF ont suivi le déroulement du vote dans un échantillon de 16 centres de vote.
Sur la base des entretiens menés avec les organes et acteurs du processus électoral, y compris la société civile, et de ses observations, la MEF établit les constats préliminaires suivants :
- Les élections législatives sont régies par un cadre juridique définissant les règles du scrutin, les conditions de candidature, les voies de recours et les responsabilités des institutions compétentes.
- Les opérations électorales se sont déroulées dans un climat calme et paisible.
- Des efforts ont été entrepris par les organes de régulation des médias, (HACA et ANP) pour encadrer la couverture médiatique de la campagne électorale et promouvoir le traitement des candidats.
- De manière générale, les interlocuteurs rencontrés ont apprécié l’augmentation du nombre de candidats indépendants en lice.
- La Commission électorale a déployé un nombre suffisant de membres dans les centres de vote.
- L’enregistrement des candidatures s’est déroulé de manière satisfaisante. Néanmoins, une faible participation de candidatures féminines a été observée.
- Le CNDH a annoncé le déploiement de plus de 1200 observateurs sur l’ensemble du territoire national pour observer le processus électoral.
- Le cadre juridique et institutionnel prévoit des voies de recours, notamment devant le Conseil constitutionnel, en ce qui concerne l’éligibilité des candidats et la validation du scrutin.
- Le scrutin s’est déroulé dans le calme, en dépit de quelques retards observés à l’ouverture de certains bureaux de vote, causés notamment par la réception tardive du matériel électoral.
- Les forces de l’ordre étaient présentes dans les centres de vote afin d’assurer la sécurité des opérations de vote.
- Les matériels et documents électoraux étaient disponibles en quantité suffisante dans tous les centres de vote visités. Néanmoins, la configuration et la disposition des isoloirs dans certains bureaux de vote n’assurait pas le secret du vote. Aucun des centres de vote visités par la MEF n’était par ailleurs équipé de rampes d’accès pour les personnes à mobilité réduite.
- Les femmes et les jeunes étaient fortement mobilisés en tant que membres des bureaux de vote.
- Les bureaux de vote ont globalement fermé aux heures légales.
- Les délégués des partis politiques étaient présents dans la plupart des bureaux de vote visités avec une forte représentation de femmes et de jeunes.
- Le déficit de financement de la société civile a limité les capacités de déploiement des observateurs nationaux sur l’ensemble du territoire.
- La participation électorale était moyenne dans les bureaux de vote visités.
La MEF relève également plusieurs points d’amélioration en vue des prochaines échéances électorales :
- La sous-représentation des femmes parmi les candidats : 424 candidatures féminines sur 2740. Cette faible présence féminine met en lumière la nécessité d’harmoniser la législation nationale, notamment la Loi 2019 sur la parité et le Code électoral ainsi que la mise en place des mesures et initiatives de la part des partis politiques favorisant une participation accrue des femmes aux élections en tant que candidates.
- Une harmonisation de la formation des membres des bureaux de vote est nécessaire, notamment en ce qui concerne l’application uniforme des règles d’authentification des électeurs et les procédures de vote.
- Le renforcement de la campagne de sensibilisation des électeurs, y compris des jeunes et des femmes, notamment sur les procédures de vote, les droits et les responsabilités des électeurs.
La MEF encourage toutes les parties prenantes à recourir aux voies légales en cas de contestation des résultats électoraux ou des opérations de vote, afin de garantir le respect des procédures et la stabilité du processus électoral.
Un rapport final de la Mission formulera des recommandations plus détaillées qui viseront à contribuer au renforcement du cadre juridique et du dispositif organisationnel des élections en Côte d’Ivoire, ainsi qu’à la consolidation des institutions de l’Etat de droit en Côte d’Ivoire.
La MEF rappelle la disponibilité de l’Organisation internationale de la Francophonie à accompagner les institutions et acteurs ivoiriens dans la mise en œuvre des recommandations issues de la mission électorale de la Francophonie.
L’OIF compte 90 États et gouvernements : 53 membres, 5 membres associés et 32 observateurs.
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Contacts presse : Laetitia Tran Ngoc Chargée de la communication stratégique et relations presse Organisation internationale de la Francophonie |