La Secrétaire générale de la Francophonie a réuni le 7 mars 2023 les Ministres de l’espace francophone dans le contexte de la 67e session de la Commission de la condition de la femme autour du thème : « Le numérique pour des filles et des femmes éduquées et autonomes ».

Présidé par Mme. Amel Belhaj Moussa, ministre de la Famille, de la Femme, de l'Enfance et des Personnes âgées de la Tunisie, la concertation s’est tenue dans l’enceinte des Nations Unies, rassemblant une centaine de participants composés de Ministres de la condition de la femme des Etats et gouvernement membres de l’OIF, de Chefs de délégation, de Représentants permanents de même que de Présidents des réseaux parlementaires et associatifs féminins de la Francophonie.

Les initiatives et financements des Nations Unies devraient mieux prendre en compte les besoins des filles et des femmes en matière d’éducation et de numérique, a plaidé Mme. Louise Mushikiwabo dans son propos introductif, prononcé depuis Doha (Qatar) où elle participe à la 5e Conférence des Nations Unies sur les Pays les Moins Avancés. L’accès des filles et des femmes aux équipements et infrastructures numériques, le développement de leurs compétences numériques, la réduction des inégalités entre les filles et les garçons en matière de scolarisation et la disponibilité des contenus éducatifs adaptés, constituent selon elle les principaux obstacles à surmonter afin de réaliser le plein potentiel du numérique pour l’éducation et l’autonomisation des femmes et des filles. La Secrétaire générale a souligné les actions ciblées déployées par l’OIF pour répondre à ces enjeux.

Membre du panel, l’Envoyé du Secrétaire général des Nations Unies pour les technologies, M. Amandeep Singh Gill, s’est alarmé des écarts importants entre femme et homme en matière d’accès à Internet : il est de 36% dans les pays en développement contre 12% en moyenne. Le Pacte numérique mondial en discussion est, selon lui, une opportunité d’adresser ces inégalités. L’éducation des femmes dans les filières scientifiques et technologiques devrait aussi permettre de réduire ces écarts, comme en témoigne l’expérience de la Tunisie où les femmes représentent, selon Mme. Belhaj Moussa, 58% des diplômés universitaires dans le domaine des sciences.

Le Fonds « La Francophonie avec Elles » est un outil majeur de la lutte pour l’égalité, a reconnu Mme. Martine Biron, ministre des Relations internationales et de la Francophonie, par ailleurs responsable de la Condition féminine du Québec. Mme. Aminata Zourkaleini, ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l'Enfant du Niger a vanté les « internats connectés », dont une centaine a été créé par le Gouvernement nigérien pour développer la culture numérique des filles sur toute l'étendue du territoire.

Complétant la perspective des acteurs gouvernementaux, Mme. Mona Laroussi, Directrice de l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF), a présenté, chiffres et témoignages à l’appui, un bilan éloquent des ressources pédagogiques développés et des actions de sensibilisation et de formation mises en œuvre dans le cadre du projet RELIEFH (Ressources éducatives libres pour l’égalité femme-homme) au profit des enseignants et personnel d'encadrement. Dans une formule qui résume bien les précédentes interventions, la Coordonnatrice du Réseau Francophone pour l'égalité femme-homme (RF- EFH), Mme Ndioro Ndiaye, a rappelé que le développement des compétences numériques des femmes et des filles profite à toute la société. Elles ont ainsi la possibilité de créer leurs entreprises, d’accéder aux emplois mieux rémunérés, aux services de santé et produits financiers, d’échanger des informations et de participer pleinement à la vie publique.

La Concertation francophone a permis aux Etats et gouvernements membres de l’OIF de rappeler des messages et partager des bonnes pratiques, en matière de politiques publiques, de normes ou encore de cadres législatifs. La Vice-présidente et ministre du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, chargée des Droits des femmes a ainsi appelé à susciter des vocations pour le numérique chez les filles dès le plus jeune âge, et lutter à ce stade de la croissance contre les stéréotypes de genre au moyen des jeux vidéo par exemple, qui offrent des ressources d’émancipation à ces pratiquantes. La Secrétaire d’État chargée de l'Économie sociale et solidaire et de la Vie associative a vanté la diplomatie féministe du Gouvernement français, qui consacre 75% de l’aide publique au développement à la lutte contre les inégalités de genre. Au Rwanda, le système de santé numérique a amélioré la prestation des services de santé et la réduction de la mortalité maternelle et infantile, tandis que les applications mobiles ont amélioré les chaînes de valeur agricoles au bénéfice des femmes rurales, a témoigné la ministre du Genre et de la Promotion de la famille du Rwanda. La lutte contre l’illettrisme numérique et la promotion des métiers du numérique auprès des femmes sont des chantiers sur lesquels le Liban s’est engagé. Une plateforme numérique a été créée au Maroc pour assurer des services de proximité aux femmes dans les milieux ruraux et montagnards. Pour sa part, la Suisse est en première ligne dans la lutte contre la cyberviolence qui vise de manière disproportionnée les jeunes femmes. Pionnière dans l’éducation qui privilégie l’égalité des genres, l’inclusivité et l’élimination des stéréotypes, Andorre a adopté une loi antidiscriminatoire qui protège davantage les femmes, y compris en ligne.

L’espace francophone foisonne d’expériences uniques et novatrices que la Concertation francophone a permis de mettre en lumière. Cette rencontre de haut niveau marquait le lancement d’une programmation francophone riche en événements parallèles qui s’inscrivent dans le paysage de la Commission de la condition de la femme. Pendant une dizaine de jours, le Réseau des femmes parlementaires de l’APF, le RF-EFH et plusieurs acteurs associatifs francophones organisent une série d’événements, en partenariat avec l’OIF, sur les enjeux d’éducation des filles, d’innovation technologique par et pour les femmes, de cybermenaces visant les femmes et d’enregistrement de l’état-civil à l'intention des filles et des femmes. Deux événements ont ainsi permis de présenter respectivement le Guide pratique dédié à la lutte contre l’abus et l’exploitation sexuels d’enfants en ligne et le rapport d’activité du RF-EFH depuis son lancement en 2014.

 

 

VIDEO | L'OIF facilite le recours au numérique pour les femmes

Pour voir ou revoir la concertation francophone

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