Cette rencontre a été organisée en marge de la tenue à New York de la 8ème Réunion stratégique des Mécanismes et Programmes de protection des défenseurs des droits de l’Homme (« processus inter-mécanismes ») à laquelle a pris part l’OIF et qui a permis aux titulaires de mandat d’échanger sur les défis et préoccupations qu’ils rencontrent dans le contexte spécifique de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
La réunion avec le Groupe des Ambassadeurs francophones visait à présenter le bilan de l’action menée ces 20 dernières années sur cette thématique et à évoquer les perspectives envisagées pour renforcer la protection des défenseurs des droits, notamment par une coopération accrue des différents mécanismes régionaux de protection.
Suite à l’adoption de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme le 9 décembre 1998, plusieurs mécanismes de protection ont été créés au sein des différentes organisations intergouvernementales afin de protéger les défenseurs des droits partout dans le monde. Près de 20 ans après, les Nations Unies ont adopté à l’unanimité, le 20 novembre 2017, une nouvelle résolution mettant en exergue le rôle que jouent librement et en toute indépendance les défenseurs des droits de l’Homme. Ce texte adopté lors de l’Assemblée générale de l’ONU condamne les meurtres de défenseurs des droits de l’homme, la criminalisation de leur lutte et les entraves dont elle fait l’objet. Il exige, par ailleurs, la libération des personnes incarcérées pour avoir fait usage de leur liberté d’expression et exercé leurs droits fondamentaux. La résolution demande également au Secrétaire général d’intensifier les efforts de l’ONU en faveur des défenseurs des droits de l’Homme. Michel Forst a salué ce texte en soulignant qu’il allait dans le sens des demandes des défenseurs des droits de l’Homme qu’il a pu rencontrer au cours de ses nombreux déplacements.
Michel Forst a également tenu à rappeler l’engagement sans faille de l’OIF et des pays francophones dans ce combat. L’engagement de la Francophonie en faveur des défenseurs des droits de l’Homme, qui découle directement de la Déclaration de Bamako adoptée en 2000, prend la forme d’actions diplomatiques de plaidoyer auprès des États membres, de renforcement de la société civile – notamment via le Fonds francophone pour les droits de l’Homme « Martine ANSTETT » –, et de mobilisation des réseaux institutionnels de la Francophonie. De plus, l’OIF soutient directement les défenseurs des droits de l’Homme, à travers des actions de formation et de sensibilisation, qui sont menées en coopération avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH), à l’instar de la session organisée à Antananarivo en 2016, projet pilote qui avait bénéficié de l’expertise de Michel Forst, et avec la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP).
A l’avant-garde de ces combats dès 1998, notamment à travers le soutien apporté à la Norvège qui portait le premier projet de Résolution sur les défenseurs des droits de l’Homme, les pays francophones le sont encore aujourd’hui avec l’émergence de législations dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, visant à protéger davantage les défenseurs des droits de l’Homme.
Toutefois, en dépit des nombreuses actions menées sur la scène internationale, le Rapporteur spécial a tenu à pointer du doigt la dégradation de leur situation. En s’appuyant sur le Rapport de l’ONG Global Witness, il a révélé qu’au moins 207 défenseurs de l'environnement avaient été tués dans le monde en 2017 pour s'être opposées à des projets miniers, forestiers ou agro-industriels.
Face à ce constat d’urgence, l’année 2018, placée sous le signe du 70ème anniversaire de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme (DUDH) et du 20ème anniversaire de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'homme, est déterminante. Michel Forst a saisi l’opportunité de cette réunion d’information avec le Groupe des Ambassadeurs francophones pour témoigner des actions menées par les Nations Unies et faire part aux Ambassadeurs francophones des retours obtenus lors de ses nombreux déplacements sur le terrain. Le prochain rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme se penchera ainsi sur les efforts des différents organes des Nations Unies pour assurer la protection des défenseurs et s’attachera à développer une compréhension commune de leur rôle.
Michel Forst a donc enjoint les Etats membres de l’OIF à s’associer encore davantage à l’action menée par le Secrétariat général visant à déconstruire ces préjugés et à rappeler qu’ils sont avant tout, des acteurs de changements. Ceci, afin de permettre des avancées significatives pour la protection et la promotion des défenseurs des droits de l’homme à travers le monde.
Il a par ailleurs informé le Groupe francophone des principales perspectives liées à la célébration du 20ème anniversaire de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme qui consisteront, d’une part, en un Sommet mondial des défenseurs fin octobre 2018 à Paris et, d’autre part, en un évènement de haut niveau au siège des Nations Unies à New York en décembre 2018 en écho, également, au 70ème anniversaire de la DUDH.
Autant de rendez-vous donc qui appelleront la mobilisation de la communauté francophone.