Chapeau

Une réunion organisée le 26 juin 2018, en partenariat avec Global Health Strategies et la Fondation Bill & Melinda Gates, visait à sensibiliser et intensifier la lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN) qui touchent plus de 210 millions de personnes dans les 23 Etats membres de l’OIF d’Afrique subsaharienne et ont des conséquences économiques et sociales considérables.

Avec plusieurs Etats membres à l’avant-garde sur cette problématique – la Belgique, la France, le Canada figurent parmi les principaux bailleurs de fonds à l’échelle mondiale et la République démocratique du Congo, le Cambodge, l’Egypte et le Togo ont obtenu des résultats considérables dans la lutte contre les MTN – l’OIF offre une plateforme de discussion et de mobilisation particulièrement utile entre Etats, secteur privé et société civile en vue de l’éradication de ces maladies. La Représentante permanente de l’OIF auprès des Nations unies à New York, l’Ambassadeur Narjess Saidane, a rappelé dans ce sens que la lutte contre les maladies tropicales négligées entre pleinement dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution sur les investissements dans le domaine de la santé, adoptée par les Etats membres au cours du XVIe Sommet de la Francophonie (novembre 2016, Antananarivo). Cette résolution engage l’OIF à favoriser des échanges réguliers entre les pays de l’espace francophone sur des sujets d’intérêt commun dans le domaine de la santé et appelle les pays membres à investir dans le secteur de la santé pour soutenir la croissance partagée dans l’espace francophone. Ce combat est central en ce qu’il s’inscrit au cœur de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD). Olivier Raynaud, Directeur adjoint en charge des maladies tropicales négligées à la Fondation Bill and Melinda Gates, a insisté sur la rentabilité de l’investissement dans la lutte contre ces maladies qui constituent un véritable frein au développement. Il a invité les Etats francophones à investir davantage de moyens financiers et humains afin d’atteindre l’objectif de la Banque mondiale de 75% de couverture universelle qui permettrait d’éradiquer les MTN d’ici à 2020. L’élimination des MTN, pour un cout limité, permettrait d’économiser 12 milliards de dollars –soit le PNB d’un pays africain de taille moyenne. Pour Gaston Sorgho, Directeur des pratiques – santé, nutrition et population – à la Banque mondiale, une action efficace suppose un ciblage plus précis des populations à risque afin de concentrer au mieux l’action conjointe des différents acteurs qui comporte deux volets. Détaillés par le Dr Yao Sodahlon, Directeur du programme de dons de Mectizan, le premier volet vise à interrompre le plus rapidement possible les transmissions et le second se concentre sur la prévention des risques en vue d’une élimination durable. Mahmoud El Ashmawy, Premier Secrétaire de la Mission permanente de l’Egypte, s’est appuyé sur le propos du Dr Yao Sodahlon pour évoquer la réussite du programme mené à partir de 2000 par le gouvernement égyptien dans le but d’éradiquer la filariose lymphatique, maladie parasitaire transmise par les moustiques. Destiné aux habitants des provinces rurales du Delta, particulièrement touchés, ce programme a permis, en touchant plus de deux millions de personnes, d’empêcher la transmission de cette MTN grâce à une approche collaborative menée entre les agences du gouvernement égyptien, les organisations de la société civil et l’industrie pharmaceutique. Enfin, le volet prévention du programme, en incluant directement les communautés touchées a permis une sensibilisation de la population et une prise de conscience des risques sur ce problème de santé public entrainant l’élimination de cette MTN par une prévention efficace. Charlotte Omoy Malenga, Ministre Conseiller de la Mission permanente de la République démocratique du Congo, a quant à elle évoqué le programme de lutte contre la Trypanosomiase humaine africaine (PNLTHA). Elle a estimé que l’éradication totale et durable de la maladie du sommeil nécessite une plus large mobilisation des ressources et un renforcement des capacités techniques nécessaires aux besoins de suivi et de planification. Soutenu par la Fondation Bill et Melinda Gates et l’Institut belge de Médecine tropicale d’Anvers (IMT), ce programme table sur une éradication de cette maladie à l’horizon 2020. Sur ce point, l’Ambassadeur Jeroen Cooreman, Représentant permanent adjoint de la Belgique auprès des Nations unies, a rappelé l’engagement de son pays depuis de nombreuses années auprès des autorités congolaises. Si 11,5 millions de congolais ayant besoin d’un traitement n’ont pas encore été pris en charge, il juge néanmoins l’échéance (2020) pour l’éradication de cette MTN au Congo réaliste. Et cela, pour plusieurs raisons : la révolution digitale en cours à l’échelle mondiale permet de réaliser des tests de dépistage plus rapides, de nouveaux médicaments peu coûteux et sous forme de comprimés existent, l’appui de la technologie dans la lutte contre la mouche tsétsé permet des progrès significatifs, enfin, les autorités congolaises souscrivent à ces initiatives ce qui permet une collaboration efficace. En conclusion, Olivier Raynaud, modérateur de cette discussion, a réaffirmé que toutes les conditions étaient réunies pour permettre une élimination des MTN dans les années à venir. Aussi a-t-il appelé les gouvernements des Etats-membres de l’OIF à davantage s’engager politiquement sur cette problématique et à travailler pleinement avec les organisations internationales et de la Société civile, en renforçant les partenariats existants et en en développant de nouveaux pour y parvenir.