Chapeau

En prélude aux prochains travaux de la cinquième commission chargée des questions administratives et budgétaires (CCQAB), le Groupe des Ambassadeurs francophones s’est réuni le 30 avril 2018, afin d’échanger avec Madame Bintou Keita, sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix (OMP) sur les coupes budgétaires et leur implication sur la réforme du pilier paix et sécurité des Nations unies.

Au cours de cette réunion, la sous-secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix a rappelé que les réformes attendues visent à améliorer la cohérence et la coordination entre les différents piliers d’action des Nations Unies (Paix et sécurité, Développement et Droits de l’homme). Elle a expliqué que cette réforme doit permettre de limiter la fragmentation constatée entre les différents acteurs du système, tout particulièrement sur le terrain, et de permettre complémentarité et transition réussie entre la stabilisation, le maintien de la paix et le développement, qui sollicitent des acteurs différents au sein du système et qui doivent le faire de manière articulée. Soulignant l’importance des discussions budgétaires qui se tiendront au sein de la cinquième commission relative aux budgets des opérations de maintien de la paix, Mme. Keita a rappelé que les budgets de ces opérations ont connu une baisse continue depuis 2015, mais qu’il demeure critique d’aligner les budgets sur les réalités et les besoins des terrains d’opération. Dans cette optique, il est indispensable de tenir compte des nouvelles réalités du terrain, radicalement différentes de celles des décennies antérieures, caractérisées aujourd’hui par de nouvelles menaces asymétriques, exigeant des équipements d’une autre nature et aux couts élevés mais qui sont requis pour sauver des vies humaines et permettre protection effective des troupes, comme celle des civils. (Équipements de détection permettant de réaliser des opérations de nuit, matériel de détection anti-mines, mais aussi la constitution d’une aviation médicale nécessaire pour l’évacuation et le rapatriement de ce personnel et la mise en place de formations de prise en charge médicale). Sur cette base, Mme Keita a souligné les points suivants : certaines coupures budgétaires, si elles concernaient les équipements cités plus haut, ne permettraient pas aux opérations de délivrer leur mandat dans les conditions requises ; les besoins en matière de collecte d’informations, permettant là encore un impact direct sur les mécanismes d’alerte et de protection des troupes comme des populations civiles, doivent faire l’objet d’une attention particulière également ; il est fondamental d’assurer que le rapport du CCQAB soit remis à la cinquième commission le plus rapidement possible pour lui permettre de statuer sur ses recommandations. Tout retard dans la prise de décision pourrait avoir un impact négatif sur la mise en œuvre de la réforme à compter du 1er janvier 2019 comme agrée, particulièrement eu égard à la mise en place des centres régionaux. Les Ambassadeurs présents ont fait part de leurs préoccupations concernant notamment : la nécessité d’assurer que la mise en œuvre des reformes soit faite en parallèle pour les trois piliers visés, soit Paix et sécurité, Développement et gestion, regrettant que tel ne semble pas être le cas actuellement ; l’immense complexité des procédures liées à la génération de force et disponible uniquement en langue anglaise, les délais particulièrement courts donnés au pays contributeurs de troupes, et les prérequis irréalistes, en termes d’équipements militaires, requis des pays contributeurs et qui éliminent de facto un grand nombre d’États du sud qui ne disposent même pas de tels moyens dans leurs armées nationales. Mme Keita a rappelé la nécessité d’explorer de nouveaux partenariats dans un esprit de partage des responsabilités et de la charge financière, se référant aux possibilités ouvertes suite à la Conférence ministérielle des Nations unies sur le maintien de la paix des 14 et 15 novembre 2017 à Vancouver. Elle a enfin souligné la nécessité pour les Etats de mobiliser leurs viviers nationaux pour la nomination de francophones – et tout particulièrement de femmes francophones – au sein des missions onusiennes.