Chapeau

Le Groupe des Ambassadeurs francophones s’est réuni le 28 mars 2018 à la Représentation permanente de l’OIF auprès des Nations unies afin d’échanger avec Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la France.

Cette réunion extraordinaire a été organisée dans le cadre du débat public du Conseil de Sécurité consacré à l’action collective pour améliorer les opérations de maintien de la paix (OMP) aux Nations unies et portait tout particulièrement sur la contribution multiforme de la Francophonie à ces opérations. Le ministre a souhaité rencontrer les Ambassadeurs francophones afin de recueillir leurs observations et remarques concernant la place qu’occupe le français au sein des Nations unies et plus spécifiquement au sein des OMP. En introduction, l'Observatrice permanente de l’OIF auprès des Nations unies, Narjess Saidane, a rappelé l’importance de ce sujet pour les pays francophones. En effet, deux tiers des OMP se déroulent dans des pays de l’espace francophones et 55 des 84 Etats-membres de l’OIF sont engagés dans ces opérations. Elle a souligné le manque de personnel francophone au sein des OMP, en établissant toutefois une distinction entre les effectifs de police, pour lesquels des efforts considérables ont été réalisé en termes de recrutement, et les effectifs militaires au sein desquels les francophones restent très nettement sous-représentés. Elle a par ailleurs évoqué les activités les plus récentes menées à l’ONU en partenariat avec l’Observatoire Boutrous-Ghali du maintien de la paix. Le Secrétaire d’Etat a quant à lui fait part de ses préoccupations concernant la place de la langue française au sein des institutions internationales, tout en constatant un véritable dynamisme de la Francophonie au niveau onusien. Inquiet de ce recul, M. Lemoyne a demandé aux Ambassadeurs présents de lui faire part de leurs constats et remarques sur ce sujet et il a insisté sur l’importance de s’appuyer sur le triptyque développé par le Président français Emmanuel Macron lors de son discours du 20 mars, donné à l’Académie française : « apprendre, communiquer, créer ». Enfin, il a rappelé que, chaque année, 30.000 personnels francophones des OMP sont formés par la France dans le monde entier, soulignant également le rôle essentiel de ces opérations de paix. La question de la documentation produite en français a également été évoquée. Rappelant l’objectif énoncé par le Président Emmanuel Macron, consistant à faire du français la deuxième langue mondiale après l’anglais, le Ministre a insisté sur l’augmentation importante des moyens investis par la France à cette fin. Suite aux propos du Ministre français, les interventions des Ambassadeurs se sont concentrées sur deux sujets principaux : la question des contingents francophones au sein des OMP et celle plus générale de la langue française aux Nations unies. Sur ce premier point, les Ambassadeurs francophones ont rappelé l’importance de disposer d’un personnel onusien parlant la langue du pays dans lequel il est affecté. Cette question est d’autant plus importante qu’elle est à l’origine de nombreux drames dus à des incompréhensions avec les populations locales. Aussi, les modalités de recrutement du personnel onusien pour les OMP ont été pointées du doigt, de même que la question de leur formation. Sur ce dernier point, l’Ambassadeur du Maroc a proposé la création d’un centre de formation pour les troupes francophones des Nations unies. En conclusion, les échanges ont mis en lumière l’importance d’une réelle stratégie intégrée pour le multilinguisme aux Nations unies et le lien évident entre la défense du multilinguisme aux Nations unies et celle de la langue française. Dans la suite de la rencontre entre le Groupe francophone et le Secrétaire général des Nations unies, ces questions feront l’objet d’un double suivi par l’OIF et les Etats francophones auprès du bureau exécutif du Secrétaire général.