|L’année dernière, les Chefs d’État et de gouvernement réunis à Antananarivo pour le XVIe Sommet de la Francophonie n’ont pas caché leur très grande inquiétude, à l’écoute de nombreux témoignages de migrants.
Ils se sont engagés dans leur Déclaration finale à « {intensifier [leurs] efforts pour prévenir et combattre le trafic de migrants, éradiquer la traite des êtres humains et lutter contre l’exploitation des personnes.}»
Aux témoignages des rescapés sont venus s’ajouter des images douloureuses et révoltantes, tournées clandestinement en Libye, très explicites du trafic et de la traite d’êtres humains.
L’urgence est d’agir pour retrouver et libérer ces pauvres parmi les pauvres.
L’urgence est de rendre à ces hommes, à ces femmes, leur humanité, leur dignité, leur intégrité physique, leur existence et leur identité.
L’urgence est de remonter ces filières, démanteler les réseaux de trafiquants, identifier les auteurs de ces crimes et encourager les instances judiciaires nationales et internationales à les poursuivre et les traduire en justice.
Je fais écho à la Déclaration forte des ministres et chefs de délégation des États et gouvernements membres de la Francophonie, réunis à huis-clos à Paris, il y a 2 jours, le 25 novembre; ainsi qu’aux condamnations fermes, de Chefs d’État et de citoyens, appelant la communauté internationale, le Conseil de sécurité des Nations unies, à une action immédiate, concertée et coordonnée, pour que cessent ces violences contre les migrants en Libye, au nom de la responsabilité commune de protéger qui guide nos actions.
Or, la responsabilité de protéger suppose aussi celle de prévenir : d’agir sur les causes profondes qui poussent des milliers de désespérés à l’exode forcé, les jettent sur les chemins terrestres et maritimes de tous les périls, les exposent aux organisations criminelles et trop souvent à la mort.
L’urgence est pour nous, tous ensemble, d’engager solidairement une coopération plus robuste, de dégager les moyens afférents pour une croissance partagée, un développement humain et économique, inclusif, responsable et durable.
Il nous faut donner des raisons d’espérer à ces milliers de jeunes : que toutes et tous aient accès à une éducation et une formation de qualité, tournées vers l’insertion sociale et professionnelle.
Le mot clé c’est INVESTIR massivement dans ce capital humain : ne pas laisser perdre ces forces de création, de production, d’innovation.
Investir massivement dans les initiatives économiques, l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes pour éradiquer un chômage chronique potentiellement explosif, et réaliser le dividende démographique.
Investir massivement dans des programmes et des mesures d’adaptation aux effets déjà dévastateurs des changements climatiques, qui plongent des populations entières dans l’extrême pauvreté, les poussant à fuir vers les villes ou à quitter leur pays.
Investir massivement dans l’enracinement de la démocratie, le renforcement des institutions de L’État de droit, le respect des droits et des libertés, le dialogue interculturel et interreligieux, comme dans la prévention des conflits, le maintien et la consolidation de leur la paix.
L’Organisation internationale de la Francophonie agit sur tous ces fronts et veut, pour sauver plus de vies encore, le faire avec vous.
Cessons de nous éparpiller.
Mobilisons-nous ensemble!
Michaëlle Jean
Secrétaire générale de la Francophonie
- [Télécharger l'appel en pdf->doc67913]|
|{{VOIR AUSSI :}}||[{{Déclaration des ministres francophones à la 34e session de la CMF }}->https://www.francophonie.org/IMG/pdf/declar_migrations_dh_cmf_34_26112017.pdf]|