Le documentaire : « {Sept vies} », réalisé par la journaliste franco-tunisienne Lilia Blaise et son compatriote Amine Boufaied, a été diffusé en introduction afin de fonder le débat, entre les députés et les journalistes Lilia Blaise et Pierre Schonbrodt, ainsi que le Directeur du Centre d’action laïque, Pierre-Arnaud Perrouty, invités pour l’occasion.
Tourné chez un coiffeur populaire et dans la rue, parmi la population modeste, ce reportage met en lumière la divergence qui se fait jour entre les élites intellectuelles, par principe attachées à la démocratie, et le peuple, parfois plus sensible – lors des phases de transition politique – à la stabilité sociale et économique, offerte par des régimes autoritaires.
Le spectateur assiste ainsi à des discours entre provocation et nostalgie, regrettant un régime Ben Ali, perçu comme plus protecteur, plus sûr et finalement plus efficace, y compris dans le quotidien. Ils formulent leur déception face à un Printemps tunisien qui n’a pas, pour le moment, tenu ses promesses en matière de partage des richesses et de justice sociale.
Au terme de la diffusion du reportage, une discussion très riche s’est engagée avec l’auditoire sur la complexité du processus de démocratisation d’une société habituée au paternalisme, au dirigisme et à la propagande illusoire d’un système autoritaire.
Le rôle et l’attitude des journalistes ont aussi été soulignés, et en particulier la difficulté de rompre avec des habitudes d’autocensure très ancrées, ou de pratiquer une couverture du terrain au plus près du ressenti des populations, sans grands moyens de reportage, et sans grand intérêt parfois, voire souvent, des patrons de presse, plus avides de sensationnel que de regards posés sur la société profonde.
Ce voyage en déception post-révolutionnaire, au-delà des discours de principe et du politiquement correct, a laissé à chacun un sentiment mêlé, de peine et d’inquiétude, pour un pays fragile et à propos duquel le Représentant de l’OIF et les députés européens ont évoqué toute l’amitié et l’attention de leurs institutions respectives pour l’avenir.