Chapeau

A l’initiative de la Représentation permanente de l'OIF auprès de l’Union européenne, et en partenariat avec le laboratoire d’idées PubAffairs, un débat était organisé le 20 juin, au cœur du quartier européen, sur la thématique : « La gouvernance économique de la zone euro: quelles possibilités d’arriver à un consensus de long terme ? ».

Modéré par Gabriel Gresillon, correspondant à Bruxelles pour Les Echos, ce débat, ouvert au public, a réuni une audience nombreuse, composée d’officiels des Instituions européennes, de diplomates, de représentants de la société civile, de professeurs, d’étudiants, de chercheurs et de simples citoyens européens observateurs attentifs de la Construction européenne. Le Représentant permanent de l’OIF auprès de l'Union européenne, l’Ambassadeur Stéphane Lopez, a ouvert l'évènement par un discours dans lequel il a rappelé d’entrée que l’OIF comptait quelque 17 Etats membres de l’UE, et tous les Etats candidats des Balkans occidentaux. Il a ensuite développé une mise en lumière du défaut de solidarité (économique et au plan de l’accueil des migrants), qui caractérise actuellement le fonctionnement de l’Union européenne, et une tendance au contraire à une concurrence effreinée – entre les Etats membres (fiscalité, coût du travail, évitement de l’accueil des migrants) et entre les individus (études, emplois) – contre nature par rapport à sa vocation originelle, et susceptible de défaire l’Europe, comme l’a assez démontré le Brexit. Il a mentionné l’absence de croissance partagée, thème du dernier Sommet de la Francophonie à Antananarivo, qui pèse sur la capacité des citoyens à regarder l’Union européenne comme une organisation politique et sociale juste, apte à construire un environnement donnant sa chance à chacun. Il a dit le risque pris dans une Europe dont chaque élection traduit un peu plus chaque jour un euroscepticisme croissant – les européennes de 2019 pouvant même aboutir à un Parlement européen largement hostile à la poursuite vers plus de fédéralisme. Le panel d’intervenants était composé de députés européens, hauts fonctionnaires de la Commission européenne, chercheurs de fondation et de laboratoire d’idées : Gabriele Giudice, Chef de l’Unité, Approfondissement de l’UEM et Macroéconomie de la zone euro (Commission européenne, DG ECFIN), le Député allemand Jakob von Weizsäcker (S&D), le Député luxembourgeois Frank Engel (PPE) et Gregory Claeys, Chercheur associé (Bruegel). Ils ont évoqué le récent sommet de Meseberg en Allemagne entre la Chancelière Merkel et le Président Macron, et statué sur les progrès enregistrés, sur leur portée symbolique et croncrète, et sur les chances qu’ils soient validés par les autres Etats membres. Le représentant de la Commission européenne a détaillé la proposition déjà faite par le Président Juncker, il y a un an, en matière de gouvernance de la zone euro et l’accueil parfois distrait des Etats membres sur plusieurs de ces chapitres. Il a fait référence aux dispositifs déjà existants. D’autres panélistes, dont le député Engel, ont mentionné leurs doutes sur l’adaptation de l’ensemble de ces propositions – celles de Meseberg comme celles de la Commission – face aux enjeux, aux besoins, et aux attentes des opinions publiques, et argumenté pour plus d’ambition dans tous les domaines. Le public, lui-même, s’est intérrogé en évoquant les grands acteurs mondiaux, tels la Chine, la Russie, ou les Etats-Unis, qui sont souvent plus prompts que l’Union européenne à s’engager ou à se désengager. Des débats contradictoires souvent vifs entre panélistes et avec la salle ont montré les différences à la fois de conception et de méthode de chacun, mais aussi la volonté des uns et des autres, de voir une Europe plus unie, plus apte à rassurer ses peuples.