Chapeau

La Représentation permanente de l’OIF auprès des Nations unies à New York a organisé le 6 juin 2018, en partenariat avec le Mouvement international ATD Quart Monde, une réunion de travail et de sensibilisation à la question des socles de protection sociale.

A cette occasion, trois spécialistes ont partagés avec les représentants à New York des Etats membres de l’OIF leur expertise sur la question : Peter Bakvis, Directeur du Bureau de Washington de la Confédération syndicale internationale et membre de la Coalition mondiale pour les socles de protection sociale ; Vinicius Pinheiro, Directeur du Bureau international du Travail auprès des Nations unies à New York; et Monica Jahangir, représentante principale d’ATD Quart Monde auprès des Nations unies à New York et membre de la Coalition mondiale pour les socles de protection sociale. Dans le contexte de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, cette réunion a été l’occasion de rappeler aux Etats membres l’importance d’offrir aux populations ces garanties élémentaires de sécurité sociale, reconnues par les Nations unies comme l’un des outils essentiels dans l’éradication de la pauvreté (objectif 1). Si des progrès significatifs ont été réalisés grâce à la mobilisation d’acteurs internationaux comme l’ONU mais aussi l’Organisation internationale du Travail – qui alarmait en 2012 sur la nécessité de telles garanties dans sa résolution 202 – les avancées nationales et institutionnelles en la matière sont encore insuffisantes. Du fait d’une coordination politique lacunaire, de capacités institutionnelles trop faibles ou encore de coupes budgétaires retardant tout progrès, 71% de la population mondiale n’a encore aujourd’hui aucun accès, ou très partiel, à un système de protection sociale complet. Alors que la problématique avait déjà été abordée en 2014 lors d’un colloque organisé par l’un des réseaux institutionnels de la Francophonie, l’Union des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires des États et gouvernements membres de la Francophonie (UCESIF), l’OIF a souhaité à cette occasion réitérer son engagement pour une universalisation des socles de protection sociale et se proposer comme un espace d’échanges d’expériences et d’expertises sur la question, au bénéfice de ses Etats. Si ces systèmes de protection relèvent d’une initiative nationale, la discussion a permis de souligner le caractère essentiel de cet outil dans la lutte contre la précarité dans les pays les moins développés mais aussi dans les pays plus développés, dans la recherche d’une plus grande justice sociale, d’un développement économique plus juste et d’une inclusion des populations les plus marginalisées. Les experts présents ont rappelé que la priorité actuelle est l’universalisation et l’extension d’une base élémentaire de revenus et un accès aux soins pour tous. Ce système, reposant sur une base contributive mais aussi non-contributive, devrait alors pouvoir s’appuyer sur une contribution étatique majeure qui semble souvent manquer. Comme rappelé par ces experts, ces fonds nationaux peuvent émaner d’une réallocation des dépenses publiques, comme ce qui est fait pour les dépenses militaires, une utilisation des revenus des ressources naturelles, des réserves fiscales, des aides au développement ou encore d’une augmentation des impôts. Comme l’énonçait M. Pinheiro en citant l’ancien Directeur Général de l’OIT, Juan Somavia, « {le monde ne manque pas de ressources pour éradiquer la pauvreté mais de priorités justes} ». Pour être efficaces, ces socles de protection sociale doivent pouvoir reposer sur des garanties juridiques et de protection des droits de l’homme. Dans cette optique, la Représentation du Mouvement international ATD Quart Monde auprès des Nations unies souhaite mobiliser la société civile sur la question et encourage les Etats membres de l’ONU à présenter une résolution permettant de garantir ces socles de protection sociale au plus grand nombre, combat auquel la communauté francophone s’associe.