Chapeau

Le Groupe des Ambassadeurs francophones a tenu, le 7 mars 2018, une rencontre exceptionnelle avec le Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, António Guterres, sur les enjeux des réformes onusiennes, y compris la prise en compte effective du multilinguisme.

Ces réformes majeures en préparation intéressent trois piliers, « paix et sécurité », « repositionnement du système de développement » et « gestion ». L’objectif de cette rencontre était de partager la contribution francophone sur les réformes engagées par l’ONU. La réunion s’est tenue sous la présidence de l’Ambassadeur Ion Jinga, Représentant permanent de la Roumanie auprès des Nations unies et actuel président du Groupe francophone. En introduction, la Représentante permanente de l’OIF, Narjess Saidane, est revenue sur la convergence du plaidoyer francophone en faveur du multilinguisme avec les objectifs des réformes, qu’il s’agisse de la recherche d’une plus grande efficacité et performance de l’action internationale, du défi de la confiance dans le système des Nations unies et avec les pays hôtes de missions onusiennes, ou encore de l’objectif central de décentralisation. Elle a exprimé la volonté de l’OIF de contribuer à l’agenda des réformes de manière stratégique, constructive et concrète, soulignant par ailleurs l’opportunité de cet agenda pour promouvoir une plus grande équité culturelle et linguistique, garante d’une meilleure efficacité de l’action de l’ONU sur le terrain, mais également d’une crédibilité renforcée de la démocratie internationale et des valeurs universelles qu’elle défend. Les Ambassadeurs des pays membres de l’OIF ont partagé leurs préoccupations, tout en souhaitant qu’elles soient considérées dans le cadre des réformes afin de promouvoir effectivement la diversité linguistique et, à terme, de parvenir à l’appropriation nationale des différents projets déployés par les Nations Unies. Les principaux éléments mis en avant par le Groupe francophone et la Représentation permanente de l’OIF consistent dans ce sens en quatre propositions concrètes : -* Refonder la prise en compte du multilinguisme dans la chaîne du processus de recrutement aux Nations Unies ; -* Promouvoir le développement local à travers des marchés des Nations Unies véritablement compétitifs ; -* Assurer une réelle cohérence entre le choix d’implantation des nouveaux Dispositifs globaux de prestation de services centralisée - Global Service Delivery Model (GSDM) et les besoins en compétences sur le terrain, et garantir la complémentarité linguistique des différents centres sélectionnés ; -* Parvenir à la production régulière de contenus dans les différentes langues des Nations unies. Répondant à ces propositions, António Guterres a salué l’engagement de la Francophonie et assuré le Groupe francophone de la pleine disponibilité de la Coordinatrice pour le multilinguisme, Catherine Pollard, Secrétaire générale adjointe aux affaires de l’Assemblée générale et à la gestion des conférences, de garantir le plein respect du multilinguisme dans l’activité du Secrétariat des Nations unies. Selon le Secrétaire général, le multilinguisme n’est pas seulement une question de pouvoir, mais bien une richesse, une vision qui permet à chacun d’exprimer haut et fort ses besoins et aspirations. « {La véritable efficacité est celle qui prend en compte la diversité} », a-t-il déclaré. Attentif aux préoccupations soulevées par les Ambassadeurs francophones, le Secrétaire général a réaffirmé son engagement à promouvoir le multilinguisme au sein de l’ONU, notamment à travers la formulation d’indicateurs spécifiques dans les lettres de mission des principaux responsables onusiens ou encore la publication en plusieurs langues des appels d’offres pour ce qui est des achats et des marchés. Il a également informé le Groupe de l’élaboration en cours d’une politique intégrée du multilinguisme aux Nations unies, de même que de la nouvelle politique de ressources humaines appelée, elle aussi, à mieux prendre en compte la diversité linguistique. Au terme de cette rencontre, le Secrétaire général a invité les Ambassadeurs et l’OIF à s’engager résolument dans la discussion sur les réformes. Il s’est dit déterminé à ce que la question des ressources ne soit pas une excuse pour agir dans une seule langue. Pour António Guterres, il est fondamental de créer les conditions d’une réelle égalité dans le fonctionnement des Nations unies et la langue occupe une place centrale dans ce combat.