« {Ancienne gouverneure générale et commandante en chef du Canada, et aujourd’hui Secrétaire générale de la Francophonie, je me présente devant vous en sachant fort bien que parler d’opérations de maintien de la paix, c’est d’abord parler d’hommes et de femmes qui agissent, au péril de leur vie, au service d’autres hommes, d’autres femmes, de jeunes et d’enfants plongés dans la souffrance, la détresse et la terreur. Et je veux leur rendre hommage} », a déclaré Michaëlle Jean au début de son discours à la cérémonie d’ouverture.
La question de la participation des pays francophones aux opérations de la paix onusiennes se pose de manière spécifique depuis le début des années 2000 et s’articule autour de deux problématiques : d’une part, la hausse significative du nombre d’opérations de paix menées dans des pays francophones et d’autre part, le volume relativement faible des effectifs déployés par les Etats francophones pour contribuer aux opérations de la paix, que celles-ci se déroulent ou non dans des environnements francophones.
« {Près de la moitié des opérations de maintien de la paix déployées par les Nations unies le sont dans des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie, l’OIF qui rassemble 84 États et gouvernements sur les 5 continents. Lorsque je témoigne, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU, c’est en connaissance de cause, car il ne se passe pas un jour sans que nous ne soyons en état d’alerte ou cruellement frappés. L’espace francophone est devenu en quelque sorte un laboratoire des Opérations de maintien de la paix. Alors oui, nous pouvons juger de la nécessité de les faire évoluer dans leur mandat, en force plus robuste non seulement de maintien, mais d’imposition de la paix, avec des moyens renforcés. Et nous savons l’urgence d’une mutualisation de tous nos efforts, pour une force de réaction plus grande et plus efficace dans la lutte que nous menons de manière résolue contre le fléau du terrorisme. Dans un contexte où les menaces asymétriques se sont multipliées, où les populations sont devenues les cibles et les premières victimes des conflits, le défi sécuritaire, tout comme le défi humanitaire nous occupent sans répit} », a ajouté la Secrétaire générale.
Compte tenu de ses spécificités et de ses savoir-faire, l’OIF développe des partenariats avec les grands acteurs directs du maintien de la paix, au premier rang desquels les Nations unies, dans le but de contribuer à l’instauration d’une véritable paix durable, fondée sur la consolidation de la démocratie. L’objectif de l’OIF est de participer à l’émergence d’une vision stratégique qui rassemble les Etats francophones autour des enjeux du maintien de la paix et d’appuyer l’opérationnalisation de leurs capacités. Si elle n’est pas un acteur direct en matière de maintien de la paix puisqu’elle ne déploie pas d’opérations de paix, l’OIF appuie ses Etats et gouvernements membres et observateurs pour renforcer leur participation à ces opérations, à travers notamment des actions de sensibilisation et de formation. Pour améliorer la contribution francophone aux missions de paix mais aussi pour développer des réponses concrètes aux enjeux actuels du maintien de la paix, l’OIF a participé, aux côtés de la France, à la création de l’Observatoire Boutros Ghali pour le maintien de la paix, qui bénéficie d’ores et déjà du soutien du Canada, de la Belgique et de l’Egypte.
La mise en œuvre des engagements des chefs d’Etat et de gouvernement de la Francophonie et la mobilisation de l’OIF aux côtés de ses partenaires, en particulier des Nations unies, a contribué à améliorer de façon significative la situation : la participation des Francophones n’a cessé d’augmenter ces dernières années, témoignant de l’émergence d’une vision commune et d’un engagement accru des Etats de la Francophonie dans les opérations de paix. En 2005, 36 Etats et gouvernements francophones participaient à des opérations. Dix ans plus tard, ils sont près de 55 à prendre part à des opérations de maintien de la paix onusiennes, leur contribution représentant plus de 41 % des effectifs déployés sous la bannière des Nations unies.
A Vancouver, la question de la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix (encore extrêmement faible) – tant dans des effectifs militaires, policiers que civils – a été largement évoquée.