{ Seul le texte prononcé fait foi} |Excellences, Monsieur le Président de la République du Sénégal, Mesdames et Messieurs les Ministres, Madame la Présidente de la Confemen, Monsieur le Président de la CONFEJES Madame la Directrice Exécutive du Partenariat Mondial pour l’Education, chère Alice Albright, Monsieur l'Administrateur de l'OIF, Monsieur le Recteur de l'AUF, Monsieur le Recteur de l'Université Senghor d'Alexandrie, Madame la Représentante de l'UNESCO, Mesdames et Messieurs, Chers amis, Emotion! Si je devais choisir un seul mot pour décrire ce que j’ai ressenti il y a quarante-huit heures en foulant le sol du Sénégal, ce serait celui-là. Emue de revenir, ici, à Dakar, dans la ville où le 30 novembre 2014, les Chefs d’Etat et de gouvernement m'ont fait l’insigne honneur de me porter à la tête de la Francophonie. Attachement ! Si je devais choisir un seul mot pour dire ce qui me lie à votre pays Monsieur le Président, ce serait celui-là. Vous le savez, je suis très attachée au Sénégal pour mille raisons. Il y a bien sûr aussi Gorée où est à jamais rappelée, à l'humanité, l'histoire de ces femmes, ces hommes et ces enfants arrachés à l'Afrique. Lorsqu'à l'occasion de la visite d'État que j'ai effectuée ici en avril 2010, en qualité de Gouverneure générale du Canada, je me suis rendue à Gorée, de la douleur enfouie a jailli une grande force, celle du triomphe du combat acharné livré par nos ancêtres pour la liberté et le respect de la dignité humaine. Je ne me suis jamais sentie aussi libre. Mon attachement à ce pays a à voir aussi avec les Sénégalaises et les Sénégalais qui portent en eux cette manière inimitable d'aller vers l'autre, de l'accueillir, cette téranga qui est un véritable art de vivre et qui dit votre rapport au monde. Je veux saluer ici, Monsieur le Président les femmes par centaines, les hommes et les jeunes d'immense et d'égale volonté, de courage, d'ingéniosité qui m'ont accueillie. Je pense à l'Association sénégalaise NEBEDAYE qui rassemble plusieurs collectivités, de TOUBACOUTA, de la forêt de SANGAKO au DELTA de SALOUM jusqu'à KAOLACK, et qui ont voulu me faire part de leurs remarquables initiatives de reboisement, de protection des ressources naturelles, de production d'éco-charbon,de production agricoles diversifiées, innovantes qui sont génératrices d'activités économiques de plus en plus rentables. Je pense aussi à ces centaines de maraîchères et maraichers de TAIBA N'DIAYE, qui recrutent également de jeunes femmes et de jeunes hommes entrepreneurs, que l'OIF a su accompagner, rassembler dans des activités de production et de transformation rentables, fructueuses dont l'impact est réel pour des centaines de familles. L'appropriation sur le terrain nous ravit et nous permet de penser à comment amener tous ces acteurs et agents de développement humain et économiques durables à uje échelle supérieure, dans toutes les chaînes de valeurs créées. Je suis revenue aussi à THIÈS, voir comment notre accompagnement dans le domaine du numérique et de la pédagogie vient renforcer le programme de l'INSTITUT NATIONAL D'ÉDUCATION ET DE FORMATION DES JEUNES AVEUGLES, ce fut fort émouvant. Et j'ai eu grand plaisir à revenir aussi vers les MANUFACTURES sénégalaises des ARTS DÉCORATIFS, ce legs formidable de Léopold Sedar Senghor, ces ateliers de création et de production qui forment et rassemblent des artisans et des créateurs de très grand talent et qui intègrent aussi les nouvelles technologies dans leurs pratiques. Le Président Senghor avait fort bien compris l'importance des industries culturelles. Les tisserands, les potiers de THIÈS, les designers et autres artisans de grand talent dont ce pays foisonne sont autant d'acteurs et d'agents de développement. Si je devais choisir un autre mot, ce serait Gratitude, pour résumer le message de la communauté francophone à votre pays, c’est bien celui-là, Monsieur le Président. Parce que le Sénégal a accueilli deux sommets de la Francophonie, en 1989 puis en 2014. Parce que le Sénégal abrite le siège de la Conférence des ministres de l’Education des Etats et gouvernements de la Francophonie (CONFEMEN) et celui de la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports de la Francophonie (CONFEJES). Gratitude, oui, parce que le Sénégal a donné à la Francophonie son deuxième Secrétaire général, le Président Abdou Diouf à qui nous devons tant et pour qui nous avons, toutes et tous ici, la plus profonde estime. Et puis, le Sénégal a offert à la Francophonie la vision puissante et lumineuse qui est au fondement de sa genèse, la vision d'un poète et d'un homme d'État, Léopold Sédar Senghor, qui, dans sa grande sagesse et générosité, avait pressenti combien l'humanité aurait besoin un jour de s'unir dans ses ressemblances, tout en se nourrissant de ses différences. Enfin, il y a vous, Monsieur le Président, cher Macky Sall. Vous qui assurez avec le tact et la sérénité qui vous caractérisent, la Présidence du Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Francophonie, de manière tout à fait admirable. Je tiens à dire combien la Secrétaire générale de la Francophonie peut toujours compter sur votre écoute, votre disponibilité, votre esprit pragmatique et volontaire. Cher ami, pour tout cela, merci. Mesdames et Messieurs, Moins d'un an après le sommet, nous voici rassemblés pour donner le coup d'envoi de ce projet tant attendu : la création de l’Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation (IFEF). Où est donc l'édifice? Me direz-vous? Il s'élèvera au coeur de la Cité du savoir! Qui vous tient tant à cœur, Monsieur le Président, non loin du magnifique Centre international de conférences Abdou Diouf où s'est tenu le XVe Sommet de la Francophonie. Mais ces murs ne seront en dernier ressort que l'écrin destiné à abriter des programmes ambitieux dont certains déjà opérationnels. Nous savons ce que nous voulons : un centre d'excellence, un laboratoire innovant, un espace de recherche qui rassemble toute l'expertise disponible au sein de l'espace francophone en matière d'éducation, de formation professionnelle et technique. Nous savons ce que nous visons : former sur dix ans, de manière qualitative, plus de 100 mille enseignants, formateurs et cadres éducatifs performants. L’objectif est ambitieux, mais il est à notre portée. A travers l’Initiative Francophone pour la Formation à Distance des Maîtres » (IFADEM), qui sera la colonne vertébrale de l’Institut, à travers le Programme d’Appui aux innovations et réformes éducatives (PAIRE), mais aussi le programme « Ecole et langues nationales » (ELAN), ou celui dénommé « Formation et insertion professionnelles des jeunes ». L'institut dont nous célébrons la naissance aujourd’hui, va révolutionner le monde francophone, si nous nous mobilisons toutes et tous pour lui. Il ne s’agit rien de moins, à travers ces programmes, que d’améliorer les compétences des maîtres, notamment dans les zones rurales, d’accompagner les pays francophones désireux de mener les réformes devant conduire à une école de qualité pour toutes et pour tous, de garantir, là où ce sera nécessaire, l’enseignement bilingue dans les cycles préscolaire et primaire et, enfin, de renforcer l’accès des filles et des garçons à une éducation et à une formation de qualité à travers l’élaboration de stratégies nationales. Nous savons qui relèvera ce formidable pari de l'Institut de la Francophonie pour l'Éducation et la Formation. Ce pari sera relevé par les forces rassemblées de l'Agence universitaire de la Francophonie, de l'Université Senghor d'Alexandrie, de la CONFEMEN, de la CONFEJES et bien sûr de l'Organisation internationale de la Francophonie. Cette mobilisation, cette fédération des énergies, des savoir-faire de chacun est extraordinaire! Je m'en réjouis, car c'est un gage incontestable de succès. Ce pari nous voulons le relever aussi avec tous les partenaires qui ont souhaité ou qui souhaiteront se joindre à nous. Je pense à notre organisation sœur, l'UNESCO. Je pense, chère Alice Albright, au Partenariat mondial pour l’Education avec qui nous avons tant de liens constructifs et productifs à tisser. Votre présence parmi nous, aujourd'hui, nous dit votre engagement à nos côtés. Evoquant les collaborations qu’a déjà suscitées cet Institut et qu’il suscitera à l’avenir, je voudrais dire combien je souhaite que des échanges de savoirs et de bonnes pratiques aient lieu entre tous les pays membres de la Francophonie. Ce projet a en effet été pensé, de bout en bout, avec la volonté de s’inspirer de ce que nos pays font de mieux en matière d’éducation et de formation. Le métissage des expertises est donc au cœur de ce projet. Un métissage qui reflète d’ailleurs bien la Francophonie d’aujourd’hui : une Francophonie unie dans sa diversité, fière de ses acquis, forte de ses solutions et ouverte à l’innovation ! Mesdames et Messieurs, Nous savons pourquoi nous voulons relever ce formidable pari ! C’est notre contribution, la contribution de la Francophonie, aux Objectifs du développement durable des Nations unies en matière d’éducation, en suivi, notamment, des recommandations du dernier Forum mondial de l’Education à Incheon. Car malgré les progrès réalisés, partout dans le monde, en particulier dans les pays francophones, les défis restent massifs. Le seul accès à l’éducation ne suffit plus. Nos pays doivent, de toute urgence, agir pour que les enfants, les jeunes hommes et les jeunes femmes, mais aussi les adultes, aient accès à une éducation de qualité, toute leur vie durant. Dans cette longue chaîne d’apprentissage, la place des enseignants et des éducateurs est centrale. Et je tiens, en cette journée mondiale des enseignants, à leur rendre l’hommage qu’ils méritent. Nous savons, surtout, pour qui nous voulons relever ce formidable défi. Pour ces millions de jeunes qui n’ont jamais été aussi nombreux dans toute l’histoire de l’humanité et qui compteront pour plus de la moitié de la population de l’espace francophone en 2030. Pour ces millions de jeunes qui se demandent chaque jour ce que nous avons à leur offrir, et qui expriment, parfois de la manière la plus violente ou la plus désespérée, un sentiment d’impasse, de désenchantement, de frustration. Nous ne pouvons pas nous résigner à ce que l’on soit à ce point désespéré à 12 ans, 15 ans ou 20 ans. C’est contre nature ! Alors oui, ce formidable pari, nous voulons le relever pour tous ces jeunes, pour leur donner au plus vite des raisons d’espérer, pour leur donner les moyens d’exploiter leur créativité, leurs potentialités, leur désir d’engagement en leur transmettant les connaissances, les compétences, les valeurs qui leur permettront de devenir les architectes de leur vie et de la transformation du monde. L’éducation est une force de construction massive. Ces mots prennent une résonnance toute particulière, ici, au Sénégal, dans ce pays qui consacre plus de 35% de son budget au secteur de l’éducation, alors même que les priorités se bousculent. Quel magnifique exemple! C’est vous qui avez raison Monsieur le Président ! Parce qu’investir dans l’éducation, c’est investir dans la stabilité et la prospérité d’un pays, c’est investir, aussi, dans la stabilité et la prospérité du monde. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, Le Sénégal, depuis les origines de la Francophonie, a été de tous les combats qui ont compté. Il a été de toutes les innovations, encore pérennes aujourd’hui. Il a été de tous les succès. Alors, nous ne pouvions placer sous de meilleurs auspices la création de cet Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation. Un Institut appelé à croître et à prospérer à l’image du baobab, symbole de force, de longévité, mais surtout d’unité dans la diversité puisque son tronc imposant résulte de la fusion de plusieurs arbres. Le Symbole est beau et chargé de promesses! Je vous remercie !|