Chapeau

Depuis 2013, la Commune de Taiba Ndiaye au Sénégal dispose d’un Fonds d’impulsion de l’économie locale (Fidel), mis en place avec l’appui de l’OIF à travers le Programme francophone d’appui au développement local (Profadel/OIF).

L’économie de Taiba Ndiaye est basée sur l’agriculture, essentiellement pluviale, qui occupe plus de la moitié de sa population active, dont une partie s’investit dans le maraîchage. L’une des contraintes majeures du secteur agricole est le stress hydrique, accentué par la faible maîtrise de l’eau par les producteurs pour y faire face. El Hadj Youssou Diop a trouvé une alternative à cet obstacle. Grâce à un prêt obtenu dans le cadre du Fidel, il vient d’aménager un système d’irrigation sommaire dans son exploitation maraîchère – installée dans les excavations des anciennes mines de phosphate de la zone des Niayes, devenues des espaces propices pour l’agriculture. Avant, la contrainte hydrique limitait sa capacité de production et affectait négativement le rendement des cultures. « {Depuis la réalisation de l’aménagement hydroagricole, j’ai pu multiplier par deux la superficie emblavée – qui atteint maintenant 03 ha –, et augmenter la productivité de mon exploitation agricole. Ainsi, les recettes générées ont évolué de 650 000 FCFA (991 €) à 800 000 (1 220 €) FCFA par hectare !} », se réjouit-il. Mais, le plus important des avantages pour El Hadj Youssou Diop, c’est qu’il s’est affranchi de la pluviométrie, et donc des saisons : il produit maintenant des cultures de contre-saison, c’est-à-dire en dehors des périodes traditionnellement dévolues à la production agricole. Comme El hadj Diop, plus d’une centaine de producteurs appartenant à 26 groupements, dont des associations féminines, ont bénéficié des 41 750 000 FCFA (63 647 €) de microcrédits accordés au cours de la première phase du FIDEL. Ils sont membres du Cadre local de concertation des organisations de producteurs agricoles (CLCOP), et sont actifs dans l’agriculture, la transformation agroalimentaire, l’élevage et le commerce. Chaque groupement a reçu en moyenne un crédit de 1 500 000 FCFA (2 287 €) à un taux d’intérêt de 07%, pour développer les Activités génératrices de revenus (AGR). Également, les producteurs ont bénéficié de formation sur la gestion des AGR et de l’accompagnement de la Mutuelle d’épargne et de crédit (MEC) de la Commune de Taiba Ndiaye, et du suivi du CLCOP ainsi que du Comité de mise en œuvre opérationnel (COMO). Au terme d’une première année de mise en œuvre du FIDEL, quelques effets positifs sont déjà perceptibles. Ils concernent l’augmentation de près de 50% du revenu moyen mensuel des membres des groupements ciblés, le renforcement des capacités d’épargne et d’investissement des producteurs, et, surtout, le développement de l’esprit entrepreneurial des bénéficiaires. Aussi, le FIDEL a suscité d’autres initiatives chez les partenaires impliqués dans la mise en œuvre du PROFADEL/OIF. La MEC a ainsi mobilisé près de 250 000 000 FCFA (381 123 €) auprès de la Banque nationale pour le développement économique, pour financer la mise en œuvre de microprojets agricoles ; et l’Agence de développement local (ADL) envisage accompagner la mise en place d’un Fonds local d’appui à l’entrepreneuriat féminin dans la commune de Nguer Malal. En somme, le FIDEL atteint progressivement ses objectifs : impulser le développement économique local, en favorisant l’accès des producteurs au service financier de base. Au-delà, il aura contribué à renforcer la maîtrise d’ouvrage communal des acteurs à la base. C’est l’un des effets induits du PROFADEL/OIF. Ce programme de l’OIF mis en œuvre en Afrique de l’Ouest (Togo et Sénégal) et centrale (Rwanda), vise mettre à disposition des communautés de base des outils méthodologiques qui contribueront à assurer le développement de leurs localités, en concordance avec les stratégies nationales de lutte contre la pauvreté.