Cette concertation de haut niveau avait pour objectif de promouvoir la culture comme levier de l’action diplomatique en faveur de la paix et du développement. Cette démarche se fonde sur la conviction que le multilinguisme et la diversité culturelle sont des valeurs essentielles dans la conduite d’un dialogue véritable et d’une action internationale efficace.
Différentes personnalités, dont Madame Ama Tutu Muna, Ministre des Arts et de la Culture du Cameroun et Monsieur Peter Launsky-Tieffenthal, Secrétaire général adjoint des Nations unies pour l’information et la communication et Coordonnateur pour le multilinguisme, ont pris part à cette table-ronde qui s’est tenue dans la salle de l’ECOSOC.
Évoquant l’importance du multilinguisme, Filippe Savadogo, Représentant permanent de l’OIF auprès des Nations unies, a évoqué l’intérêt d’aller au-delà de six langues officielles à l’ONU à l’instar du Petit Prince de Saint-Exupéry, cette œuvre qui a été écrite il y a 70 ans et traduite de nos jours à plus de 270 langues. Pour l’Ambassadeur Savadogo, cette diversité linguistique et culturelle permettra à la communauté internationale de promouvoir les valeurs de paix et de cohésion sociale, piliers essentiels du développement durable.
Artiste pour la Paix de l’UNESCO, Manu Dibango a souligné l’importance de défendre sa vocation d’artiste tout comme les autres métiers car « {avec la musique, on peut faire rayonner son pays, son continent, voire la planète} ». En outre, il a estimé que face à la nécessité pour l’être humain de lutter perpétuellement pour la paix, les artistes ont un rôle primordial à jouer, celui de faire rêver…
Pour le représentant de l’Alliance des civilisations des Nations unies, Monsieur Tariq Al-Ansari, à l’instar de la devise de son organisation « Plusieurs cultures, une humanité », le multilinguisme permet de promouvoir la tolérance et l’entente mutuelle, tandis que la diversité culturelle encourage la paix, le dialogue et l’intégration sociale.
Alain Gomis, le réalisateur du film Tey, lauréat de l’Étalon d’or de Yennenga au Fespaco 2013, s’est réjoui que Manu Dibango ait permis, à travers sa musique, à la jeune génération d’artistes africains de croire en leur avenir professionnel. Il a également évoqué la nécessité pour les Africains de réaliser leurs propres cinémas afin de montrer leurs propres rêves, leurs propres images ; car l’expression de l’image fait partie intégrante de l’indépendance d’un pays. Toutefois, ce désir d’expression des cinéastes africains est entravé par les difficultés de production et de diffusion. Alors que la prédominance des financements étrangers pose le souci de l’identité du cinéma africain, il se dégage la nécessité que diverses expressions puissent s’exprimer ; cela afin de permettre à l’art de jouer l’un de ses principaux rôles : nous sensibiliser profondément, nous éclairer sur nous-même et créer entre nous des liens de fraternité.
Un bel exemple de diplomatie culturelle a été donné par Simona Miculescu, Représentante permanente de la Roumanie auprès des Nations unies, qui a présenté aux participants un album musical produit par cinq ambassadeurs auprès de l’ONU avec des chansons de paix en français, anglais et espagnol. Kairat Abdrakhmanov, Représentant permanent du Kazakhstan auprès des Nations unies, a quant à lui évoqué son pays où plusieurs dizaines de groupes linguistiques et religieux cohabitent.