Chapeau

A l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, le 21 février, sur le thème du « multilinguisme pour une éducation inclusive », retour sur les actions de l’OIF en faveur de l’enseignement du français en contexte plurilingue, notamment le programme « Elan-Afrique » : Ecole et langues nationales en Afrique.

Dans de nombreux pays du sud, l’éducation a pour toile de fond un contexte multilingue. La gestion de ce multilinguisme se révèle très complexe en raison du statut privilégié de la langue française dans beaucoup d’Etats africains et de l’incidence de ce facteur sur la scolarisation des enfants. Le multilinguisme a été longtemps présenté en Afrique comme un obstacle majeur à l’utilisation des langues nationales à l’école. Ces langues ont été à tort indexées comme incapable de rendre des concepts scientifiques. L’enseignement primaire en Afrique exclusivement en français met en échec scolaire de nombreux enfants. De nombreux facteurs sont en jeux, mais les analyses confirment que l’accès de tous les enfants à une éducation primaire de qualité en Afrique francophone, est freiné, notamment pour les populations rurales majoritaires, par la difficulté d’acquisition de la langue française, medium d’enseignement dès la première année d’enseignement.

{{Ecole bilingue à Quinzambougou (Mali) - DR}}

L’enfant entrant à l’école a besoin de structurer ses premiers apprentissages dans une langue qu’il comprend et qui renvoie à un contexte écologique et culturel qui fait sens pour lui, avant d’adopter une autre langue de construction de connaissances. Reste à mieux définir les rapports que ces langues peuvent entretenir dans les apprentissages, et concevoir les conditions de leur mutuelle assistance dans la formation du jeune élève plurilingue. L’utilisation de la langue nationale en garantissant le développement affectif et psychomoteur de l’enfant, libère son potentiel et lui offre la possibilité de verbaliser toute son expérience. Les langues nationales sont le fondement premier de la personnalité des individus ; elles assurent l’accès à l’éducation pour un plus grand nombre d’enfants en réduisant les redoublements coûteux et les échecs scolaires dus à l’apprentissage précoce et difficile d’une langue d’enseignement étrangère au milieu. Pour répondre à ces préoccupations, l’OIF a mis en place le projet « Enseignement du français en contexte multilingue » qui touche trois régions francophones dont l’Afrique subsaharienne. Le projet Afrique subsaharienne de rédaction de fiches méthodologiques préalables à l’apprentissage d’une grammaire bilingue articule recherches théoriques, recherche de terrain, recherche action et actions de formation de formateurs afin de créer un corpus suffisamment consistant répondant aux trois critères suivants : simple pour l’apprenant, convaincant pour le décideur pédagogique et efficace pour l’enseignant. La recherche conduite est une recherche de linguistique comparative appliquée notamment à la didactique du français en milieu multi-langues dans plusieurs pays de l’Afrique francophone subsaharienne. Elle s’inscrit dans le cadre général des recherches en didactique des langues portant sur les « convergences » et plus spécialement dans le domaine grammatical sur le concept de « bi grammaire ». Les démarches mettent l’accent sur les processus de transposition de compétences d’une langue à l’autre. A cette démarche est venue s’ajouter depuis 2011 l’initiative francophone Ecole et Langues nationales en Afrique (ELAN-Afrique), dont le [{{lancement officiel s’est déroulé le 24 janvier à Bamako au Mali}}->art39153]. L’initiative ELAN-Afrique est née de la volonté commune de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), de l’Agence française de développement (AFD), et du Ministère des Affaires étrangères et européennes de la France de conjuguer leurs efforts pour appuyer huit pays d’Afrique subsaharienne (Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Mali, Niger, République Démocratique du Congo, Sénégal) dans la conduite de réformes nécessaires à l’utilisation conjointe des langues africaines avec le français, de manière croissante, dans l’enseignement primaire. Mais également pour créer au sein de l’espace francophone un dispositif international de capitalisation, d’échange d’expériences, d’expertise, de formation au service de l’enseignement bilingue dans les pays africains. Lancée sur la base de l’état des lieux réalisé dans le cadre des études de LASCOLAF (langues de scolarisation en Afrique francophone) et des acquis des études antérieures, ELAN-Afrique a été construite à partir des besoins exprimés par les Ministères de l’Education nationale des huit pays bénéficiaires auxquels la maîtrise d’ouvrage nationale du projet est dévolue. Ces besoins concernent plus particulièrement l’institutionnalisation d’un enseignement primaire bilingue de qualité nécessitant l’adoption de nouveaux curricula qui tienne compte des langues nationales. L’objectif recherché est de garantir de meilleurs résultats scolaires, de réduire le taux de déperdition scolaire. {{En savoir plus :}} - [{{Le site d'Elan-afrique->http://www.elan-afrique.net]}} - [{{Unesco : journée internationale de la langue maternelle}}->http://www.unesco.org/new/fr/media-services/single-view/news/a_world_without_words_celebrating_international_mother_language_day]