Dans le cadre de son action de promotion du rayonnement de la langue française et du débat européen francophone, la Représentation permanente de l’OIF auprès de l'Union européenne a organisé, le 20 novembre 2019, en partenariat avec le laboratoire d’idées PubAffairs Bruxelles un débat public sur le thème du « mode de vie européen ».

Le thème choisi faisait référence à l’intitulé polémique du portefeuille de la Commissaire européenne Margaritis Schinas. Le débat avait pour orateurs László Trócsány, Député européen (PPE/HU), Jean Leclercq, Professeur de Philosophie (UCL Louvain), Andrea Rea, Professeur de Sociologie (ULB), Domenico Rossetti di Valdalbero, Chef d’Unité DG Recherche et innovation, et Aymeric De Lamotte, avocat et conseiller communal belge (MR). Le débat était modéré par Renaud Denuit, écrivain et éditorialiste pour le média Agence Europe.

Dans son discours introductif, le Représentant permanent de l’OIF, l’Ambassadeur Stéphane Lopez, a d’emblée soulevé la fragilité de la notion de « mode de vie européen », son instabilité selon les traduction dans les 24 langues officielles - « ce qui fait l’Europe », par exemple en allemand -, le glissement sémantique entre Union européenne et Europe, et le fait que les précisions fournies par la Présidente relevaient plus des valeurs de l’Union européenne, que du mode de vie européen, valeurs, qui ne figuraient, par ailleurs, pas dans le portefeuille du commissaire concerné, mais bien dans celui de deux autres collègues. Il a appelé de ses vœux une orientation du débat non pas sur la polémique institutionnelle, souvent partisane, autour du lien « protection du mode de vie » et « migration », mais plutôt sur le fond, comme y engage l’intitulé, et notamment sur la réalité d’un mode de vie européen, de valeurs intrinsèques et singulières que l’Union européenne pourrait revendiquer par comparaison avec d’autres espaces.

Les panélistes ont, par la suite, proposé chacun un éclairage conforme à leur champ d’activité et de recherche pour vérifier l’opérationnalité des concepts, interroger leur pertinence, en convoquant les démarches méthodologiques et sémantiques propres à la philosophie, à la sociologie politique et à la géographie, au droit, aux traités, textes et déclarations de l’UE. Ils ont également abordé les enjeux politiques et juridiques du concept, les uns le voyant comme porteur de risque d’exclusion, voire de repli identitaire, tandis les autres le percevant comme l’expression nécessaire d’une identité européenne de nature à permettre une meilleure cohésion interne et affirmation dans un monde globalisé.

Au cours du débat avec le public, ont été soulevées plusieurs questions relatives au fossé de plus en plus profond entre les élites et les milieux populaires, le lien à faire avec la montée du populisme et l’euroscepticisme, mais aussi au rapport entre identité et universalisme, de même qu’à la fragmentation sociétale et culturelle engendrée par le développement des technologies de la communication et les réseaux sociaux.

 

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