TRAN Thi Mai Yen : Directrice du Centre régional francophone pour l’Asie et le Pacifique (Vietnam).

Avant de devenir agent de l’OIF, j’ai travaillé à l’Université de pédagogie à Hô Chi Minh-Ville en tant que formatrice au département de français. Depuis 2000, comme responsable du CREFAP, je gère et pilote le projet CREFAP dont la mission principale porte sur la formation de formateurs pour l’enseignement du français en ingénierie de l’éducation et de la formation ainsi que différents projets de l’OIF en Asie-Pacifique, notamment celui de la formation professionnelle et technique. Là, avec l’appui des experts francophones mandatés par l’OIF, nous accompagnons les équipes locales des pays membres dans l’élaboration de métiers suivant l’approche par compétences.

Le premier volet de notre activité concerne les actions que nous organisons directement : formations régionales ou séminaires, comme ce séminaire régional de recherche que nous élaborons tous les deux ans pour réunir les francophones de la région : chercheurs, enseignants, jeunes enseignants en recherche de didactique etc. Nous touchons ainsi chaque année près de 300 personnes.

Le second volet de notre activité concerne d’une part les formations locales que les pays montent avec notre appui - un appui technique, méthodologique, parfois financier – comme au Vietnam, au Laos et au Cambodge où une centaine d’enseignants suivent des formations continues. D’autre part, nous coordonnons des actions de plaidoiries ouvertes aux élèves, à leurs parents et au public. Chaque année, au travers des fêtes de la Francophonie réparties sur plusieurs sites comme le Delta du Mékong, Hô Chi Minh-Ville pour le Vietnam mais aussi au Laos, au Cambodge, près de 8000 personnes, élèves et enseignants, s’engagent à nos côtés.

Privilège accordé à la participation féminine

Dans la formation des enseignants, nous insistons fortement sur la présence des femmes. Mais le recrutement, les formations en elles-mêmes sont du ressort des établissements nationaux. Nous les accompagnons dans l’élaboration des métiers, certains traditionnellement féminins comme aide-soignante où les femmes sont représentées à 90%, d’autres typiquement masculins comme ceux de la mécanique automobile ou agricole. Même si nous ne le disons pas clairement, nous accordons un privilège à la participation accrue des femmes quels que soient les métiers retenus. Nous appuyons ainsi les formations d’enseignement des langues où les femmes sont présentes à 65%, ou les formations dans le domaine du tourisme, parce que les femmes y excellent. Nous avons également soutenu le déploiement du projet de formation aux métiers de management de supermarché. De nombreuses étudiantes ont suivi cette formation car depuis une dizaine d’années, le secteur de la distribution se développe rapidement. Des investisseurs français, japonais, coréens et vietnamiens se sont attaqués au marché des grandes surfaces, des marques vietnamiennes, mais aussi japonaises et thaïlandaises ont ouvert des superettes dans les différentes villes du pays.

Cependant, la question du genre ne se pose pas réellement aujourd’hui dans la région Asie-Pacifique. Bien que l’influence confucéenne n’ait pas été neutre - le fils devant obéissance à son père, la femme à son mari, le cadet à son aîné, le sujet au souverain – les femmes ont toujours joué un rôle extrêmement important dans la famille et dans tous les domaines de la société. Evidemment, cela dépend des régions, des familles. Chez certaines ethnies minoritaires du Vietnam, le régime matriarcal persiste et la femme joue le rôle principal dans la famille. C’est elle qui choisit son mari, qui décide de vivre ou non avec lui. À contrario, dans certaines zones rurales, la distinction homme/femme reste encore très forte. C’est le père ou le grand frère qui décident de tout.

Mais avec l’instruction des filles, les choses ont évoluées rapidement. Aujourd’hui, des femmes politiques siègent à des postes très importants, de nombreuses femmes exercent des métiers en général très masculins comme femmes d’affaires, chauffeurs de taxi. Grâce à l’éducation, l’égalité homme/femme a véritablement  progressée.