Le 25 septembre 2025, en marge de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations unies, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ont coorganisé à New York une réunion de haut niveau consacrée à Haïti, visant à mobiliser la solidarité internationale pour soutenir le dialogue politique, renforcer la sécurité et créer les conditions d’une transition réussie.

Présidée par la Secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, aux côtés de l’Hon. Francis Fonseca, ministre des Affaires étrangères du Belize, et de Dr Carla Barnett, Secrétaire générale de la CARICOM, la rencontre a réuni des chefs d’État et de gouvernement, des représentants d’organisations internationales, de la société civile et des partenaires de développement. Tous ont appelé à un sursaut collectif face à l’une des crises les plus graves de l’histoire récente du pays.

« Face à la situation, deux choix s’offrent à nous : le renoncement ou l’action. Et je me réjouis de voir que de nombreux acteurs convergent vers un même objectif : le retour d’Haïti à un État stable », a souligné la Secrétaire générale Louise Mushikiwabo.

Une crise sans précédent qui appelle une réponse globale

Haïti traverse aujourd’hui une situation dramatique : effondrement des institutions, expansion des groupes armés contrôlant plus de 90 % de Port-au-Prince, violences généralisées, déplacements massifs et pauvreté endémique. Plus de 1,3 million de personnes ont été forcées de fuir leur foyer, tandis que près de la moitié de la population vit en situation d’insécurité alimentaire aiguë.

Dans ce contexte, la réunion visait à mobiliser les engagements en vue de soutenir  tant la mise en œuvre de l’accord de transition signé en avril 2024 que les conditions nécessaires à l’organisation d’élections libres et crédibles d’ici février 2026.

Sécurité, institutions, justice : les priorités du processus de transition

Le Président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti, Laurent Saint-Cyr, a présenté les principaux défis auxquels son pays est confronté et les chantiers prioritaires pour sortir de l’instabilité politique et sécuritaire. La Vice-Secrétaire générale des Nations unies, Amina J. Mohammed, la Directrice exécutive de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Ghada Waly, et le Chef du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), Carlos Ruiz Massieu, ont rappelé l’urgence de renforcer les forces de sécurité, de lutter contre l’impunité et de démanteler les réseaux criminels. Ils ont également appelé à un financement prévisible et durable de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dont le mandat arrive à échéance.

La Déléguée générale de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), Amélia Lakrafi, a, pour sa part, souligné qu’« aucune transition démocratique ne peut réussir sans institutions parlementaires crédibles ». L’APF s’est engagée à accompagner Haïti en 2025 en plaçant la jeunesse, les femmes et le contrôle démocratique au cœur de son action.

Femmes et filles : au cœur de la stabilité et de la reconstruction

La question des femmes a occupé une place importante dans les échanges, à commencer par l’allocation d’ouverture de la Secrétaire générale. Alors qu’elles représentent 50 % de la population, 94 % d’entre elles sont exposées aux violences basées sur le genre. La Représentante d’ONU Femmes en Haïti, Marie Goretti Nduwayo, a plaidé pour une stratégie globale intégrant protection, autonomisation économique, participation politique et recrutement des femmes dans les forces de sécurité.

Face à cet immense défi, l’OIF est au rendez-vous de ses promesses. Louise Mushikiwabo a ainsi annoncé qu’une d’enveloppe d’un million d’euro sera débloquée en 2025 dans le cadre d’un partenariat conclu avec ONU Femme.  Cette subvention spéciale du Fonds de solidarité « La Francophonie avec Elles » sera destinée à financer des initiatives locales visant à renforcer la résilience des femmes et à réduire leur dépendance dans un contexte marqué par une instabilité persistante.

Il s’agit d’une initiative concrète de l’OIF, qui complète les actions engagées depuis 2019 en faveur des femmes. Plus de 1,8 million d’euros ont été investis en 6 ans par l’Organisation dans des programmes d’autonomisation ayant bénéficié à 12 500 femmes et filles haïtiennes. Grâce au fonds « La Francophonie avec Elles », 29 projets ont permis de soutenir des entrepreneuses, de créer des activités génératrices de revenus et de renforcer les initiatives communautaires en Haïti.

Une mobilisation internationale à amplifier

Les partenaires internationaux ont réaffirmé leur engagement aux côtés d’Haïti. Le Ministre délégué chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux, Thani Mohamed Soilihi, l’Ambassadeur du Canada en Haïti, André François Giroux, le Représentant permanent de la Jamaïque à l’ONU, Brian Christopher Manley Wallace, la Directrice pour l’Amérique latine et les Caraïbes au ministère allemand des Affaires étrangères, Annette Walter, ou encore le Directeur général par intérim pour les Amériques au Service européen pour l’action extérieure, Pelayo Castro, ont conjointement appelé à une action urgente du Conseil de sécurité pour garantir la stabilité du pays.

Transformer la solidarité en action

À quelques mois de la fin du processus de transition, la réunion a envoyé un message clair : l’avenir d’Haïti dépendra de la capacité de la communauté internationale à unir ses forces et à soutenir les initiatives portées par les Haïtiens eux-mêmes. En plaçant la sécurité, les institutions démocratiques, la justice et l’inclusion des femmes au centre de cette mobilisation, la Francophonie, la CARICOM et leurs partenaires rappellent que la sortie de crise n’adviendra qu’à travers un sursaut de solidarité.

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