À l’occasion de la Journée internationale de la fille, le 11 octobre 2025, l’OIF réaffirme son engagement déterminé en faveur de l’égalité femmes-hommes et des droits des filles, avec une priorité marquée pour l’éducation, dans un contexte aggravé par les conflits armés et les crises climatiques, sociales ou économiques.
Investir dans l’éducation des filles, c’est leur garantir l’accès à leurs droits fondamentaux, renforcer leur autonomie, briser le cycle des inégalités et leur permettre d’occuper toute leur place en tant qu’actrices du changement dans leurs communautés et leurs pays. Cependant, malgré des avancées notables en matière de scolarisation, notamment au niveau de l’éducation primaire, des disparités persistent, en particulier en ce qui concerne le maintien à l’école, l’achèvement des cycles secondaires ainsi que l’accès aux filières scientifiques. Mariages précoces, pauvreté, stéréotypes de genre, manque de moyens matériels et crises multiples continuent de freiner la progression de millions de jeunes filles.
En réponse à ces défis, conformément à sa Stratégie pour la promotion de l’égalité femme-homme adoptée à Erevan en 2018, l’OIF agit pour garantir à toutes les filles une éducation de qualité, libre de toute forme de discrimination. La Conférence internationale de N’Djamena (2019) a rassemblé les États et gouvernements membres de l’OIF. Ensemble, ils ont lancé un appel pour une mobilisation collective et ont formulé plus de vingt recommandations afin de renforcer l’éducation des filles dans l’espace francophone.
Parmi ces recommandations, figurent la création d’un partenariat francophone avec l’Agence universitaire Francophone (AUF), sur la collecte et le partage de données « Genre et éducation », ainsi que la mise en place d’un suivi rigoureux des progrès réalisés.
Des initiatives francophones phares pour transformer la réalité des filles
Depuis ce rendez-vous fondateur, l’OIF a transformé ces engagements en actions concrètes :
- Le programme de formation en ligne sur l’égalité femmes-hommes en éducation, qui crée une communauté éducative active et outillée pour intégrer l’égalité dans les pratiques pédagogiques
- La Caravane RELIEFH, qui sillonne les zones rurales pour briser les barrières socioculturelles à la scolarisation et ouvrir un dialogue direct avec les communautés
- Le Fonds « La Francophonie avec Elles », qui soutient des projets d’autonomisation économique et sociale des femmes et des filles grâce au renforcement de leurs compétences, leur accès aux ressources et leur participation aux prises de décision
Former pour transformer : du portail RELIEFH à une communauté numérique engagée
Lancé en 2021 à l’initiative de la Secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, le portail RELIEFH visait à mettre à disposition des ressources dédiées à la promotion de l’égalité femme homme en matière d’éducation. De cette démarche est issu un programme de formation en ligne tutorée, qui s’impose aujourd’hui comme l’une des formations les plus suivies par les professionnels de l’éducation dans l’espace francophone.
Proposée chaque trimestre, cette formation de quatre semaines s’adresse au corps enseignant ainsi qu’au personnel encadrant, sélectionnés à la suite d’un processus rigoureux d’appel à candidatures. Elle propose un parcours structuré qui permet d’explorer les concepts fondamentaux de l’égalité des sexes, d’analyser les stéréotypes de genre dans le contexte scolaire et de concevoir des actions concrètes pour favoriser l’égalité en classe et dans les communautés éducatives. L’approche privilégie la mise en pratique et l’acquisition d’outils directement mobilisables dans le quotidien professionnel.
À ce jour, plus de 15 000 participants issus de différents pays ont bénéficié de cette formation. Leur participation a permis de consolider une communauté numérique de pratique, dynamique et active, qui poursuit les échanges et le partage d’expériences au-delà des sessions de formation, renforçant ainsi l’impact du dispositif à l’échelle internationale.
Éduquer les filles en zones rurales : La Caravane RELIEFH, initiative de terrain inédite
Pour agir là où les inégalités sont les plus ancrées, l’IFEF a lancé la Caravane RELIEFH : un programme mobile et communautaire qui lève les barrières socioculturelles qui freinent la scolarisation des filles dans les zones rurales. A travers des actions de sensibilisation auprès des élèves et enseignants, de mobilisation communautaire et de plaidoyer local, elle agit directement sur les causes profondes des inégalités de genre à l’école.
Grâce à son format itinérant et sa proximité avec les communautés, la Caravane RELIEFH crée un espace inédit de dialogue réunissant élèves, enseignants, cadres éducatifs, parents, chefs coutumiers, institutionnels et médias sur l’éducation des filles. Elle contribue à donner la voix aux élèves, filles et garçons et à libérer la parole sur des sujets longtemps restés tabous comme les mariages précoces, les violences scolaires ou encore les stéréotypes sexistes, et ce dans plus de 20 localités isolées au Sénégal, en Mauritanie, au Togo et au Bénin.
Les ambassadeurs et ambassadrices de bonne volonté jouent un rôle clé dans cette dynamique. Sélectionnés pour leurs parcours exemplaires et leur capacité à inspirer les jeunes, ces individus, âgés de 18 à 35 ans, sont des modèles locaux de réussite dans des domaines variés tels que l'éducation, les métiers techniques et professionnels, l'entrepreneuriat, l'innovation, la culture et le sport. Grâce à leur engagement et leurs réalisations, ils incarnent des sources d'inspiration pour la jeunesse. Parmi ces figures d’ambassadeurs et ambassadrices, on retrouve des personnalités telles qu’Edouard Gning, journaliste sénégalais pour le media Brut, Simone Fafa Keke, première femme capitaine de navire togolaise, Axel Merryl, artiste et chanteur béninois, et Kitana, artiste et danseuse sénégalo-capverdienne. Figures locales reconnues et modèles inspirants pour la jeunesse, ils renforcent l’impact du message de la Caravane. Leur engagement favorise l’identification des jeunes, en particulier des filles, et nourrit leurs aspirations à poursuivre leurs études.
Depuis 2022, la Caravane a sillonné quatre pays, plus de 5 000 ressources pédagogiques ont été distribuées, 1 400 bénéficiaires (élèves et enseignants) et 10 000 membres de communautés rurales directement et indirectement touchés. Elle contribue ainsi à transformer les perceptions et pratiques éducatives autour de l’éducation des filles. Ancrée localement et portée par l’innovation pédagogique, l’initiative agit là où l’accès au numérique reste limité.
De l’école à l’emploi : le Fonds « La Francophonie avec Elles » favorise la réussite des filles
L’OIF poursuit son action concrète sur le terrain, à travers le Fonds « La Francophonie avec Elles », pour transformer durablement la vie des filles et des femmes. Depuis 2020, le programme a financé 347 projets dans 36 pays bénéficiaires. 28% de ces initiatives placent l’éducation et l’autonomisation des filles au cœur de leur démarche : maintien ou retour à l'école, accès à l’alphabétisation ou à des formations qualifiantes et protection face aux risques de violences ou d’exploitation. Ces projets créent également des passerelles entre apprentissage et emploi, tout en favorisant le développement d’activités génératrices de revenus pour les femmes. En voyant leurs mères devenir des entrepreneures reconnues dans leurs communautés, les filles s’identifient à ces modèles de réussite qui les encouragent à valoriser leur propre éducation et à imaginer leur avenir sans limites.
Les impacts du Fonds se traduisent par des résultats tangibles sur le terrain : en Haïti, des jeunes filles mères ont été accompagnées dans l'apprentissage de métiers manuels et la création d'un système d'épargne solidaire, leur ouvrant de nouvelles perspectives comme en témoigne Immaculé Difficile : « Depuis mon enfance j’ai toujours voulu apprendre à coudre mais je n’en avais pas les moyens. Grâce à cette formation, je peux maintenant faire plusieurs modèles de jupes et commencer des corsages ». Au Bénin, le projet « Bénin Femmes Techniciennes » a permis à 28 jeunes filles d’intégrer des métiers habituellement masculins (électricité et maintenance), brisant les stéréotypes de genre et leur apportant une liberté nouvelle. « Dans les lycées techniques, on ne voit que des hommes. Mais grâce à cette formation, j’ai pris confiance en moi », explique avec fierté Lydie Zinsouga. Au Rwanda, 60 filles mères en grande vulnérabilité ont pu créer et formaliser leurs microentreprises après des formations en entrepreneuriat et usage du numérique, changeant également le regard que les familles et les communautés pouvaient porter sur elles. Au Cambodge, le soutien à la formation artistique a permis à Ang Somavattey, 14 ans, d'obtenir une bourse et de se rapprocher de son rêve de devenir professeure de danse traditionnelle. « La danse m’a permis de vaincre ma timidité et d’être plus courageuse ».
En plaçant l’éducation des filles au cœur de ses priorités, la Francophonie démontre que l’appel lancé à N’Djamena en 2019 n’est pas resté au stade des intentions : il se traduit aujourd’hui par des actions innovantes, des partenariats structurants et un impact tangible dans la vie des filles de l'espace francophone.
A l'occasion de la journée du 11 octobre qui leur est dédiée, nous rappelons que chaque fille, où qu’elle vive, a le droit d’apprendre, de s’épanouir et de devenir une actrice de changement. Nous affirmons que donner aux filles les moyens de réaliser leur plein potentiel représente non seulement une condition essentielle pour l’édification de sociétés justes et prospères, mais aussi le plus sûr moyen de les voir advenir.