Le concours « Mot à monde » s'est terminé il y a peu. 150 étudiants de 14 universités de Roumanie ont été invités à traduire dans leur langue natale un extrait du livre « Le Tranquille affligé » de Gilles Jobidon (Prix des cinq continents de la Francophonie 2019). Rencontre avec le lauréat de l’édition 2020 de ce concours et la présidente du jury.

Organisé par l’Institut français de Cluj et soutenu par la Représentation régionale de l’OIF en Europe centrale et orientale et l’AUF, le concours « Mot à monde » vise à promouvoir la langue française à travers la littérature francophone. Lancée en mars dernier, cette édition 2020 a rendu son verdict*, en récompensant David Morariu de l’Université « Lucian Blaga » de Sibiu.

 

cPourquoi avez-vous participé à ce concours ?

David Morariu : Je dois mentionner que cette année j’ai participé pour la troisième fois à ce concours, parce que j’apprécie l’exercice de traduction qu’il propose. Je trouve très intéressante la traduction de textes littéraires et il est également évident que j’ai profité de ce concours pour pratiquer mon français.

Vous avez été désigné lauréat du concours. Comment avez-vous réalisé le travail ?

DM : Après la lecture du roman et la prise en considération des recommandations faites par les organisateurs, j’ai traduit l’extrait, en essayant d’être attentif aux détails concernant l’aspect formel du texte et la sonorité des mots, car je me suis rendu compte que Jobidon met l’accent sur la musicalité de son discours.

Un petit message pour les jeunes traducteurs comme vous

DM : Je conseille aux étudiants de profiter de ce type de concours qui imitent entièrement le travail d’un traducteur expérimenté. En fait, il s’agit d’une bonne occasion pour eux de se familiariser avec le processus standard (lire et traduire jusqu’à une date limite) et de se préparer en vue de travailler dans ce domaine.

 

Les enseignements de cette édition 2020

Le jury était composé d’un chercheur, d’une écrivaine, d’un interprète de conférence ou encore d’une libraire. Sa présidente, la traductrice et professeur des universités Rodica Baconsky évoque cette édition 2020.

 

cVotre avis sur l’extrait de texte à traduire ? 

Rodica Baconsky : Depuis quelques années, le privilège du choix revient à l'éditeur**. Il faut reconnaître que l'extrait était fort bien choisi ; car il donnait à la fois un échantillon d'une écriture toute particulière et constituait un élément clé dans la construction du personnage central du « Tranquille affligé ». 

147 étudiants y ont participé. Comment trouvez-vous l’intérêt pour la langue français auprès des jeunes de la Roumanie ?

RB : Il me semble qu'en temps de pandémie, ce chiffre a son importance. Par ailleurs, Le Mot à Monde a toujours joui d'un intérêt certain, notamment dans les universités où la traduction littéraire fait partie du cursus. Pour ce qui est de l'intérêt des jeunes pour le français, mettons que je me pose pas mal de questions... Il faudrait redoubler de motivations pertinentes, avoir raison des inerties et des préjugés. Pourquoi pas des ateliers d'écriture/traduction ?! Pourquoi ne pas faire valoir des programmes d'échanges multiples au niveau des jeunes (un Montaigne à l'instar d'Erasmus) ?!

Qu’est ce qui a marqué cette édition par rapport aux précédentes ?

RB : La même pandémie aidant, les participants n'ont pas eu accès d'emblée au livre de Gilles Jobidon, afin de bien appréhender le sens du fragment et en comprendre les ambiguïtés. Pour être saisissant, le texte n'en était pas moins difficile à rendre côté syntaxe et sonorité. Il est évident que pour des apprentis traducteurs, devant une écriture où poésie et prose se la jouaient belle, trouver la note juste...Même si, cette année, les consignes avaient été revues et touchaient tous les points considérés comme sensibles pour une bonne traduction, et la manière dont l'Institut français a géré la communication a été impeccable. Une remarque encore, il y a eu une quasi-unanimité dans les choix du jury; ce qui est plutôt bon signe... 

 

* 1er prix : David Morariu (Université « Lucian Blaga » de Sibiu) ; 2e prix : Antalia-Celestina Stănescu (Université de Craiova) ; 3e prix : Alexandra-Elena Cheorghe (Université de Pitești) ; 1re mention : Ana-Maria Antonesei (Université « Ștefan cel Mare » de Suceava) ; 2e mention : Brianna Ioana Pintea (Université d’Oradea)

** Leméac Éditeur (Ottawa) pour l'édition 2020

 

 

Pour découvrir l'extrait sur lequel ont travaillé les participants

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