Communiqué de la Mission d’information et de contacts de la Francophonie à l’occasion des élections présidentielle et législatives du 27 décembre 2020 en République centrafricaine.

La Secrétaire générale de la Francophonie, Son Excellence Madame Louise Mushikiwabo, a déployé une mission d’information et de contacts à l’occasion du premier tour des élections présidentielle et législatives qui a eu lieu le dimanche 27 décembre 2020. Cette Mission s’inscrit dans la continuité des actions multiformes que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) mène en soutien à la consolidation de la paix ainsi qu’au renforcement de la démocratie et du système électoral en République centrafricaine. 

La délégation de l’OIF était conduite par Monsieur Alphonse Fademba Madakome WAGUENA, Représentant de l’OIF pour l’Afrique centrale et comprenait un représentant de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) ainsi que des experts électoraux. Son mandat était de procéder, en lien avec les partenaires nationaux et internationaux sur place, à une évaluation du contexte et des conditions de déroulement du processus électoral. La Mission s’est appuyée sur les instruments internationaux relatifs à la démocratie et aux droits de l’Homme auxquels la RCA a adhéré, en particulier la Déclaration de Bamako (2000), ainsi que sur la Constitution et des lois pertinentes de cet Etat membre.

cArrivée à Bangui le 22 décembre, la Mission a rencontré, au cours de la semaine, les acteurs politiques (majorité présidentielle et Opposition), la Cour constitutionnelle, le Haut conseil de la Communication (HCC), l’Autorité nationale des élections (A.N.E.), la société civile et les partenaires internationaux présents à Bangui.

Durant la journée du vote, le dimanche 27 décembre, la Mission a observé le déroulement des scrutins dans les centres de vote des 1er, 3e, 4e, et 7e arrondissements de Bangui. Elle a également échangé avec les membres des missions internationales (UA, CEEAC et CEN-SAD) et nationales d’observation électorale présentes sur place.

 

Les informations qu’elle a recueillies auprès de ses différents interlocuteurs lui ont permis de conforter les constats préliminaires suivants :

  1. Une participation massive des électeurs le jour du scrutin, dans les bureaux de vote visités à Bangui. Les électeurs ont accompli leur devoir citoyen, dans le calme et la discipline ;
  2. Une rupture de confiance entre les acteurs politiques, qui s’est traduite par des appels de certains candidats de l’opposition au report des élections et qui dénonçaient les conditions de sécurité lors de la campagne électorale. Compte tenu des affrontements armés à l’ouest du pays, de nombreuses rumeurs ont circulé sur l’imminence d’attaques contre la capitale. Ces rumeurs ont installé, tout au long de la semaine, une psychose au sein de la population, alimentant, à certains moments des incertitudes sur la tenue des élections ;
  3. Une ouverture tardive de plusieurs bureaux de vote visités, causée essentiellement par le manque de matériel électoral, l’absence de listes d’émargement, des cachets ou de l’encre indélébile ;
  4. Le respect, de manière générale, des règles légales de vote par les agents électoraux, en dépit de quelques faiblesses relevées dans la maîtrise des procédures ;
  5. Une présence des représentants de plusieurs candidats dans les bureaux de vote visités ;
  6. Une présence importante des observateurs nationaux, notamment des Magistrats de la Cour constitutionnelle, et internationaux dans les bureaux de vote à Bangui ;
  7. Une implication importante et remarquable des femmes et des jeunes dans la gestion des bureaux de vote, et leur forte participation dans les bureaux de vote à Bangui ;
  8. Une présence remarquée des forces de sécurité intérieure, ainsi que des Casques bleus des Nations unies dans la sécurisation des centres de vote ;
  9. Une détermination des jeunes à s’approprier le processus électoral, en exerçant un contrôle et une veille citoyens sur le déroulement des opérations de vote ;
  10. Un accès difficile aux bureaux de vote pour des personnes à mobilité réduite dans de nombreux centres ;
  11. La clôture des bureaux de vote s’est faite dans le respect de la durée légale du vote fixée par le Code électoral. Il en est de même pour le dépouillement des bulletins au cours duquel aucun incident sécuritaire n’a été relevé ;
  12. De nombreux bureaux de vote sont restés fermés dans plusieurs localités du pays, notamment à Bossangoa, Mbrès, Bouar, Bocaranga, Bakouma, Kouango, etc., où des actes d’intimidations et des menaces exercés sur eux par des groupes armés ont empêché les électeurs d’exercer leur droit de vote.

cLa Mission relève que l’observation des mesures-barrières contre la Covid-19 n’a pas fait l’objet d’une priorité particulière.

La Mission félicite les électeurs centrafricains qui ont pu prendre part au vote pour leur esprit civique et leur comportement pacifique.

Elle encourage les institutions nationales impliquées à poursuivre, avec la même sérénité, le processus de parachèvement des autres étapes du processus électoral, notamment la phase de centralisation et de traitement des résultats.

Elle invite les acteurs politiques à œuvrer à la consolidation de cet élan pacifique et démocratique, en privilégiant les voies de recours légales dans le cadre d’éventuelles réclamations.

La Mission réitère l’engagement de l’OIF à poursuivre son appui à la consolidation de la paix et de la démocratie en Centrafrique.

Un rapport final sera élaboré au terme du processus électoral. Ce rapport formulera des recommandations mettant en exergue les bonnes pratiques et visant à renforcer le système électoral centrafricain.

La délégation tient à remercier les autorités centrafricaines pour les facilités accordées au déploiement de la mission et à son travail sur le terrain.

 

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