Chapeau

À l’invitation de la Représentation permanente de l’OIF auprès de l'Union européenne (RPUE), le Groupe des ambassadeurs francophones s’est réuni le 15 avril, dans les locaux de la Représentation permanente de la Roumanie auprès de l’UE, sous la Présidence de Luminita Odobescu, afin de débattre des enjeux de l’Accord transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP).

Le Groupe des Ambassadeurs francophones (GAF) recevait pour l’occasion le Chef de la Mission des Etats-Unis auprès de l’Union européenne, l’Ambassadeur Anthony Gardner, qui a présenté, en français, devant une audience venue nombreuse, les enjeux du TTIP, non seulement pour les Etasuniens et les Européens, mais aussi pour les pays ACP et d’Asie. Le Représentant de l’OIF, Stéphane Lopez, a salué la présence de l’Ambassadeur Gardner et sa francophonie, puis souligné l’actualité de cette thématique alors que le 13e cycle de négociation allait s’ouvrir dans quelques jours à New-York, que le négociateur étasunien était sur le point de rencontrer la Chancelière allemande, qui s’est prononcée récemment avec plusieurs responsables d’Institutions internationales pour des avancées rapides en 2016, et que chacun s’interroge sur les possibilités d’une conclusion avant les grandes échéances électorales étasunienne, française et allemande en 2017. Il a aussi rappelé l’inquiétude des opinions publiques européennes vis-à-vis de cet accord, leurs doutes quant à la transparence du processus de négociation et les enjeux démocratiques et de croissance, d’autant plus importants dans le contexte que l’on sait de crise économique, sécuritaire, migratoire, de confiance en l’Union européenne et de crispation identitaire dans plusieurs pays membres. L’Ambassadeur Gardner a ensuite exposé une vision stratégique et géopolitique du TTIP, présenté non comme un objet de stricte libéralisation des marchés, mais au contraire de régulation d’une mondialisation normée de concert entre partenaires. Il a également insisté sur les perspectives de croissance pour des PME, qui sont actuellement les premières à faire les frais du coût des normes multiples et des taxes diverses. Il a, sans langue de bois, évoqué les divergences à aplanir et en particulier celles relatives à l’accès au marché public, à l’agriculture, aux indications géographiques, aux services et au flux transatlantique des données numériques. Il s’est aussi attaché à démonter un certain nombre de ce qu’il a qualifié de mythes, en particulier dans le champ agricole et alimentaire, et a mentionné l’importance de prêter attention aux représentations qui s’imposent dans les opinions publiques, quelle que soit leur véracité. Un dialogue s’est ensuite engagé, avec des contributions très remarquées de plusieurs délégations dont celles française, roumaine, albanaise et béninoise, revenant soit sur des aspects commerciaux, soit plus politiques, soit démocratiques, de communication ou ayant trait à l’impact sur les pays tiers du Sud. Elles ont mis à jour la complexité de ce dossier. Après s’être prêté au jeu des réponses, l’Ambassadeur Gardner a conclu son propos en évoquant le devoir de responsabilité du personnel politique et de la haute fonction publique, en particulier sur le plan de la communication et la nécessité d’une illustration concrète des avantages pour les entrepreneurs et donc pour les populations. Il a finalement salué l’initiative de cette concertation et la Francophonie elle-même.