Chapeau

La table ronde sur le thème “transition énergétique et croissance économique en Afrique: perspectives pour les investisseurs privés”, organisée le 10 juin 2014 par l’OIF dans le cadre de la Conférence de Montréal, a rassemblé une centaine de participants.

Elle était animée par Monsieur Benoit La Salle, Président et chef de la direction de Windiga Énergie avec comme conférenciers, Madame Maïmouna Ndoye Seck, Ministre de l’énergie du Sénégal, Monsieur Salif Lamoussa Kaboré, Ministre des Mines et de l’Énergie du Burkina Faso et Monsieur Samuel Maréchal, Président de Maréchal & Associés. Dans son introduction, Monsieur La Salle a insisté sur l’existence en Afrique d’une main d’œuvre qualifiée en pleine croissance, un marché de l’énergie qui se développe considérablement, pour l’électrification, la valorisation des ressources minières, ainsi que sur l’attractivité de ce continent qu’il a présenté également comme le futur grenier du monde, aux côtés de l’Amérique Latine. Il a présenté sa propre expérience dans un continent qu’il parcourt depuis de nombreuses années en raison des nombreuses opportunités d’affaires qui s’offrent au secteur privé notamment dans les énergies renouvelables et les mines. De son point de vue, le continent africain est le grand marché énergétique de demain. Madame Seck, Ministre de l’énergie du Sénégal, a présenté la politique énergétique mise en œuvre dans son pays pour répondre à ce grand défi énergétique. Elle vise à assurer l’accès à l’énergie des 50% de la population qui en sont privés. Le taux d’accès à l’électricité des ménages ruraux devrait presque tripler d’ici à fin 2016, et atteindre 60%. Son intervention a permis de mettre en évidence l’existence d’un large potentiel énergétique, d’un important marché ainsi que d’un cadre législatif et réglementaire incitatif qui offre des opportunités considérables dans tous les segments du sous-secteur de l’électricité (production, transport, distribution) ainsi que dans les sous-secteurs des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique - notamment grâce à des mesures visant les bâtiments et l’étiquetage des produits, etc. Grâce aux efforts de diversification énergétique, le Sénégal compte couvrir 20% ses besoins en énergie par les énergies renouvelables. Ces opportunités sont déjà exploitées par plusieurs partenaires privés, dont plusieurs ont déjà fait des offres spontanées, notamment dans la construction de centrales solaires. Plusieurs réseaux d’interconnexions nationaux et sous-régionaux, qui constituent un autre axe de la politique énergétique du pays pour accroitre les économies d’échelle et bénéficier d’une meilleure répartition des ressources énergétiques du continent, sont également en voie de réalisation à travers un partenariat public privé que son pays considère comme une des voies à suivre pour assurer le développement du secteur énergétique. Monsieur Kaboré, Ministre des mines et de l’énergie du Burkina Faso a également présenté la politique énergétique de son pays et a abondé dans le même sens que la ministre sénégalaise sur la volonté de mettre en place un cadre législatif attrayant pour les investisseurs privés, comme en témoigne la multitude de projets solaires en cours de réalisation grâce aux fonds privés. Il a aussi présenté les faiblesses et atouts du secteur énergétique de son pays, similaire à celui de beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne. La politique énergétique mise en place au Burkina Faso vise à satisfaire une demande qui augmente de 13 % par an, tout en réduisant l’indépendance énergétique du pays à l’égard des produits pétroliers, par un approvisionnement durable et de qualité pour tous qui s’appuie de plus en plus sur des énergies renouvelables et sur le développement de l’interconnexion sous régionale, notamment avec le Ghana et le Nigéria. Il a souligné les performances réalisées dans le secteur énergétique du fait de l’amélioration de sa gouvernance. Il a enfin beaucoup insisté sur la nécessité de dispenser un enseignement de qualité et un renforcement des capacités dans ce secteur, gage de succès de toutes les initiatives qui sont mises en œuvre. Monsieur Maréchal a, quant à lui, livré le témoignage d’un acteur du secteur privé sur l’investissement privé en cours dans certains pays d’Afrique et qui découlent, selon lui, de l’existence d’un cadre juridique et de politiques clairs, d’une expertise nationale de qualité, notamment dans le domaine des énergies renouvelables, de l’existence d’un potentiel et d’un marché considérables, etc. Il a souligné l’intérêt pour les entreprises locales de s’associer avec de grands groupes internationaux, susceptible de faciliter la levée de fonds par une amélioration de la confiance. Il a également insisté sur le taux de rentabilité interne élevé, de l’ordre de 15%, que peuvent offrir les projets dans le secteur de l’énergie africain, dans un environnement peu risqué. Il a enfin établi le lien entre le secteur énergétique et la croissance économique en affirmant qu’au Burkina Faso par exemple, la réalisation d’une centrale électrique de 30 MW permet une augmentation de la croissance économique de 0,8%, alimentant, en retour la croissance du marché de l’énergie. Les échanges qui ont suivi les différentes présentations ont permis de lever des équivoques et a priori sur des questions liées à la gouvernance et à la transparence dans les pays d’Afrique. Ils ont aussi montré que les investisseurs des pays du Nord ont, tout comme ceux des pays émergents, un intérêt certain à participer à la transition énergétique en cours sur le continent.