Chapeau

Pourquoi écrivent-ils en français ? Les plus grands écrivains francophones contemporains répondent à cette question dans trois ouvrages publiés par les éditions Zellige avec le soutien de l’OIF. Abdou Diouf signe la préface du tome consacré aux écrivains d’Afrique et de l’océan Indien.

Quel est le point commun entre Amin Maalouf, Rachid Boudjedra, Ismaël Kadare, Raphaël Confiant, Marise Condé, Mongo Beti et Alain Mabanckou ? Ces grands écrivains francophones – et beaucoup d’autres avec eux – ont participé à l’émission {La langue française vue d’ailleurs} : 300 entretiens réalisés par Patrice Martin et Christophe Drevet, diffusés entre 1997 et 2003 sur Radio Méditerranée internationale (Médi1) au Maroc et dans tout le Maghreb. Les éditions Zellige, avec le soutien de l’OIF, publient une sélection de ces entretiens dans une trilogie : « La langue française vue de l’Afrique et de l’océan Indien », dont la préface est signée Abdou Diouf, « La langue française vue des Amériques et de la Caraïbe » et « La langue française vue de la Méditerranée » (1). Ces ouvrages seront présentés au Salon du livre francophone de Beyrouth (23 octobre-1er novembre 2009). Les auteurs se livrent à une réflexion intime sur leur rapport au français : une « {langue épousée} » pour le romancier libanais Amin Maalouf, ou « {imposée} », comme le confesse le grand écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma, disparu en 2005, qui n'a eu de cesse de la transformer, de la « {malinkiser} », en faisant appel à la structure et aux images véhiculées par sa langue maternelle, le Malinké. Une langue vivante donc, multiple, enrichie par les apports des autres langues, notamment « {irriguée par les poétiques de la langue créole}», comme la définit le poète martiniquais Edouard Glissant. Une langue de l’exil, aussi, celui des Palestiniens au Liban, pour Elias Sanbar, de même qu'une langue de l’émancipation, pour le Cubain Eduardo Manet. Une « {langue du quotidien} » d'après la Canadienne Nancy Huston. Une langue-matériaux pour Kossi Effoui, Prix des cinq continents de la Francophonie 2009, qui se définit comme une sorte d’artisan-menuisier qui doit « {casser, raboter, trouer, percer} », pour en extraire la substantifique moelle. Une langue de l’amour, surtout, si l’on en croit l’Algérienne Malika Mokaddem évoquant « {le sein maternel} » ; « {une femme que j’aime tous les jours} », conclut Alain Mabanckou… (1) Certains de ces entretiens ont fait l’objet d’une publication en 2001 au Maroc par Tarik éditions, sous le titre : « La langue française vue d’ailleurs ».