Alors que se dessine un agenda international très riche sur le développement durable, cette rencontre conviviale s’est tenue en vue d’anticiper l’urgence d’objectiver le prochain programme de développement. Disposer de statistiques fiables, mieux informer sur l’architecture institutionnelle de la mesure des objectifs du développement durable, favoriser le renforcement des capacités nationales face à la collecte des données de plus en plus complexes mais aussi lier les défis des données à l’action politique s’avèrent indispensables.
Ce Café francophone, facilité par Marion Barthelemy, Chef de la Branche de soutien intergouvernemental et inter-agence du Département des Affaires économiques et sociales des Nations unies (UNDESA) a réuni une vingtaine d’experts des Missions permanentes francophones, des Nations unies et de la société civile.
Dans son propos liminaire, Frédéric Viguier, sociologue, enseignant-chercheur à la New York University (Institute of French Studies) a analysé, dans une perspective historique, les processus de production des données statistiques et des connaissances sur la pauvreté. Il s’est particulièrement interrogé sur le rôle des chiffres et des nombres qui deviennent des marqueurs de la vie publique. Tout en mettant en exergue ces outils incontournables de l’évaluation des performances des actions publiques, il s’est inquiété de la domination bureaucratique, de la prolifération et de la source des données qui influent sur leur assise publique.
Pour sa part, Stefan Schweinfest, Directeur de la division des statistiques de l’ONU (UNDESA), a présenté les missions assignées à son bureau, de même que le rôle de la commission statistique et celui du Groupe consultatif d’experts indépendants sur la révolution des données pour le développement durable, récemment mis en place par le Secrétaire général des Nations unies. Il a fait part du cadre institutionnel devant assurer la durabilité et la comparabilité des données dans le temps et dans l’espace, ainsi que des enjeux majeurs à relever : l’amélioration notamment des capacités statistiques nationales en termes de techniques et de ressources, l’engagement politique, le fonctionnement, la coordination et l’harmonisation des statistiques nationales, l’utilisation adéquate des « Big Data » ou volumes massifs de données, générés par des acteurs non étatiques (secteur privé et société civile) à l’instar des transactions d'achats en ligne ou des messages téléphoniques.
Les échanges avec les participants ont permis de soutenir l’importance des données avec une attention sur les enjeux des droits de l’Homme, de la gouvernance, de la paix ou de l’environnement et les difficultés qui se posent, notamment l’intégration des trois dimensions (économiques, sociales et environnementales), la fiabilité, la désagrégation et l’actionnabilité des données, la durabilité des indicateurs, les écarts entre les données disponibles à l’échelle nationale et internationale, la nécessité de mettre en place ou de renforcer un véritable système national de statistiques, la responsabilité politique et la redevabilité des gouvernements par rapport aux populations de même que le coût de la mesurabilité. Enfin, des indicateurs qui dictent les politiques publiques alors que d’autres n’arrivent pas à trouver un écho dans l’action publique ont été évoquées au cours de la réunion.